Le parti veut «se constituer comme un média» en développant sa propre production de contenus pour relayer ses messages sur le terrain.
On pourrait appeler ça de la diversification, La République en marche s’inspirant volontiers de l’entreprise. Né il y a à peine plus d’un an, le parti veut «se constituer comme un média» en développant sa propre production de contenus pour relayer ses messages sur le terrain, y compris «là où les médias ne vont pas», a indiqué vendredi une porte-parole du mouvement.
Le mouvement qui réunit samedi à Paris sa première «convention» pour déterminer ses grands chantiers à venir, compte recruter des rédacteurs et des vidéastes pour faire connaître les initiatives et les messages de ses adhérents sur le terrain.
«Nous voulons associer davantage la presse quotidienne régionale. Mais nous voulons aussi développer des contenus, de manière décentralisée. Si les médias n’y vont pas, on ira», a expliqué la porte-parole. «Nous voulons aussi nous adresser à des médias un peu plus sociétaux, pour casser la lecture uniquement politique des partis», a-t-elle ajouté.
«C’est à nous de monter sur des thématiques, nous avons un champ d’expression qui touche la vie des gens. Les syndicats, le gouvernement vont s’écharper, or c’est loin de la vie des gens. Nous montrerons cette dynamique de l’engagement citoyen», a-t-elle affirmé.
Au sommet de l’Etat, Emmanuel Macron privilégie une communication directe avec les Français, notamment via les réseaux sociaux, et snobe franchement les médias, auxquels ses équipes de com délivrent des images clés en main, forcément avantageuses. Dans le genre, la vidéo publiée sur twitter par Sibeth Ndiaye, qui gérait la communication du candidat et est maintenant aux manettes de celle du président, censée montrer les «coulisses» du portrait officiel du président. Fausse impression de spontanéité, alors que tout est cadré.
Emmanuel Macron n’a d’ailleurs donné qu’une seule interview depuis son investiture, dans huit journaux européens simultanément, sur l’Europe. Il a également supprimé l’habituelle interview télévisée du 14 juillet, préférant une adresse aux Français, via les parlementaires réunis en Congrès. Au passage, l’Elysée avait d’ailleurs justifié ce choix en expliquant que la pensée du président était «trop complexe» pour se prêter à cet exercice journalistique.
Pendant la campagne déjà, les journalistes faisaient les frais de cette communication hyper cadrée. Comme nous le racontions dans Libération, l’équipe de Macron avait pris la mauvaise habitude de les sélectionner pour constituer des pools, au lieu de les tirer au sort. Après son élection, à l’occasion d’un déplacement au Mali, le président avait encore une fois voulu choisir les journalistes autorisés à l’accompagner. De nombreux médias avaient alors publié une lettre ouverte pour faire part de leurs inquiétudes, avant que le pouvoir ne tente de calmer le jeu.
Dans son discours au Congrès, Emmanuel Macron ne s’est d’ailleurs pas privé d’attaquer les journalistes, sans pour autant les nommer. «J’en appelle à la retenue, a-t-il déclaré à propos des «affaires» en série, qui concernent ces derniers temps aussi son entourage. J’appelle à en finir avec la recherche incessante du scandale».
Le président et son parti ne sont en revanche pas les seuls à vouloir court-circuiter les médias, de nombreux politiques investissant des moyens d’adresse directe aux électeurs. Une façon d’avoir la main. Pendant la campagne, Jean-Luc Mélenchon s’était d’ailleurs illustré dans ce domaine, vidéos YouTube à l’appui. Florian Philippot avait suivi, avec un résultat moqué, alors que le FN, s’estimant maltraité par les médias, est l’un des partis à avoir le plus investi ces moyens de communication directe.