Pour donner son sang en étant un homme homosexuel, il est nécessaire de ne pas avoir eu de relations sexuelles pendant un an. Ce jeudi, le Conseil d'Etat a confirmé cette disposition.
Remplir un questionnaire sur ses habitudes de vie. Prendre place dans un fauteuil. Et attendre qu'une personne en blouse blanche vienne vous piquer pour prélever un peu plus de 400 ml de sang... Pour certains Français, ce geste est devenu rituel. Pour d'autres, il est toujours impossible.
Ce jeudi, le Conseil d'Etat a rejeté la demande d'associations qui souhaitaient que les homosexuels puissent donner leur sang dans les mêmes conditions que les hétérosexuels ou les lesbiennes. "Les autorités sanitaires doivent privilégier les mesures les mieux à même de protéger la sécurité des receveurs lorsque les données scientifiques et épidémiologiques disponibles ne permettent pas d'écarter l'existence d'un risque", a expliqué le Conseil d'Etat en rendant sa décision. Les associations Mousse, Stop Homophobie, Comité Idaho France et Élus locaux contre le Sida, et un particulier l'avaient saisi pour demander la fin de cette mesure d'exception.
Aussi, pour donner son sang, un homme homosexuel se devra de rester abstinent pendant un an avant son passage dans le camion blanc. Pour justifier sa décision, le Conseil d'Etat souligne que le ministère de la Santé "s'est fondé non sur l'orientation sexuelle mais sur le comportement sexuel et n'a pas adopté une mesure discriminatoire illégale".
En juillet 2016, le don du sang avait fait un premier pas pour l'ouverture aux hommes homosexuels. Car depuis 1983, cela leur était totalement interdit. Depuis lors, une série de conditions fixées par un arrêté daté du 5 avril 2016 encadraient ce don.
"Selon les travaux de l'Institut de veille sanitaire, la prévalence de porteurs du VIH est environ 70 fois supérieure chez les hommes ayant eu des relations sexuelles avec des hommes", argue le Conseil d'Etat pour justifier sa décision. En outre, "la proportion de personnes nouvellement contaminées au cours de l'année 2012 était 115 fois supérieure chez ces hommes que dans la population hétérosexuelle".
Peu après cette décision, l'association SOS Homophobie a expliqué étudier " la possibilité de saisir la Cour Européenne, [après avoir ] tenté en vain l'abrogation de cette restriction auprès du ministère". "Pour contourner cette interdiction, le Conseil d'Etat a considéré que l'interdiction faite aux gays n'est pas fondée sur leur orientation sexuelle, mais sur leur comportement sexuel. Absurde. Nous sommes discriminés parce que nous faisons l'amour."
Selon les associations LGBTI+, l'ouverture aux hommes gays permettrait à 21.000 personnes de plus de pouvoir donner leur sang.