Les obsèques de Paul Bocuse, décédé samedi, se sont déroulées ce vendredi matin en la cathédrale Saint-Jean de Lyon, qui ne pouvait accueillir tout le monde. Plus de 1.500 personnes étaient présentes...
-Les obsèques de Paul Bocuse, décédé samedi, se sont déroulées ce vendredi matin à Lyon.
-Un millier de personnes, proches, amis ou collaborateurs, étaient rassemblées dans la cathédrale Saint-Jean tandis que 600 anonymes ont bravé la pluie à l’extérieur.
-De nombreux chefs étoilés avaient fait le déplacement.
Dans les haut-parleurs, la voix d’Edith Piaf vibre et résonne aux quatre coins de la place Saint-Jean. « Non, je ne regrette rien ». Non, Paul Bocuse, décédé le samedi 20 janvier à l'âge de 91 ans, n’a jamais rien regretté. Il a eu une belle vie et le sait. Plus d’un millier de proches, amis et grands chefs ont assisté à ses obsèques ce vendredi matin en la cathédrale Saint-Jean de Lyon. Tandis que 600 admirateurs ont bravé les intempéries pour suivre la cérémonie sur les grands écrans postés à l’extérieur de l’édifice.
Vendredi matin, les vestes blanches, de rigueur en cuisine, l’emportaient sur les costumes sombres du deuil. Alain Ducasse, Joël Robuchon, Anne-Sophie Pic, Marc Veyrat, Guy Savoy, Pierre Gagnaire, Régis Marcon, Yannick Alléno ou encore Daniel Boulud, arrivé de New York, avaient fait le déplacement.
Paul Bocuse aurait « voulu une cérémonie simple » dans « la petite église de Collonges-au-Mont-D’Or », sa commune natale. Mais cela n’était pas possible en raison de l’affluence. « Même la primatiale ne suffit pas accueillir tous ceux qui sont venus lui dire adieu », sourit le cardinal Barbarin, qui présidait la célébration. Les yeux rougis, l’assistance se recueille. Dehors la pluie ne cesse de tomber.
« La Saône, ta rivière chérie est en peine. Elle déborde de tristesse », lâche en préambule Pierre TroisGros, son ami de toujours. « Mais nous ne serons pas tristes ». Tous deux se sont connus derrière les fourneaux. « On avait la vingtaine, de petites paies et on n’avait pas encore idée de ce qui nous attendait ». « On disait Paul Bocuse c’est du gros plomb. Ta présence était encore plus forte quand tu étais absent. C’est le cas aujourd’hui car tu es dans nos cœurs ».
« Le monde de la cuisine est orphelin. Il a perdu un maître, un mentor, un guide. Moi j’ai perdu comme un père », enchaîne Marc Haeberlin, dressant le portrait d’un homme aux yeux espiègles qu’il a croisé pour la première fois en 1968 quand il avait 14 ans. « Je vous ai tout de suite admiré. Vous veniez nous offrir un tonneau de Beaujolais. Vous étiez comme le Messie lors des noces de Cana ». Et de poursuivre en évoquant les nombreuses boutades dont il était familier : « Dans votre tête, vous aviez toujours 20 ans ».
« Chaque mois de décembre, vous trembliez à l’approche de la sortie du guide Michelin. Un jour vous m’avez dit : à 80 ans, je tremble toujours ». Si Marc Haeberlin salue l’humilité dont faisait en réalité preuve le grand chef, Emmanuel Payen, recteur de la cathédrale et ami du défunt, souligne également son altruisme. « Son cœur était simple et généreux. Il a beaucoup travaillé mais il a aussi beaucoup donné ». Et de rappeler qu’il avait l’habitude chaque année d’inviter les personnes âgées de sa commune à un repas de fête.
« Sa passion, il la partageait avec beaucoup. Il était exigeant, oui, car il aimait le travail bien fait ». « Petit Papa », comme le surnommaient ses cuisiniers, avait l’habitude de dire : « Il n’y a pas de bonne cuisine si au départ, elle n’est pas faite par amitié pour celui à qui elle est destinée ».
Avant que le cercueil de Paul Bocuse ne quitte la cathédrale sous les applaudissements, Gérard Collomb, Ministre de l’Intérieur et ancien maire de Lyon, rappelle que l’assistance « avait fini par croire que ce moment n’arriverait jamais ». « Plus aucun d’entre nous ne sera désormais accueilli chez lui avec ce grand sourire. Pour nous, ici bas, vous serez toujours vivant dans nos cœurs, nos esprits et nos papilles. Il y restera toujours une saveur de vos poulardes aux morilles ».
Et d’ajouter : « Vous incarniez cette subtile alliance entre l’élégance et l’art de vivre qui constitue la singularité française. Ce soir, nous regarderons mais trois nouvelles étoiles devraient briller dans les constellations ».