Quelques jours après Natacha Polony, le 31 janvier c'est le chroniqueur Thomas Joubert qui attaquait Europe 1 aux prud'hommes.
Après Polony, c'est le chroniqueur remplaçant de Jean-Marc Morandini sur Europe 1 qui demandait hier une reconnaissance de son contrat de travail en CDI et 284 000 euros.
Le 31 janvier, quelques jours seulement après Natacha Polony, c'est son confrère Thomas Joubert qui passait devant la section encadrement à Paris. Entré à Europe 1 le 4 juillet 2011, il a passé cinq saisons comme chroniqueur de l'émission phare de Jean-Marc Morandini "Le grand direct des médias" et était son remplaçant attitré lors de ses congés.
Les fidèles de l'émission (qui a duré 14 ans) n'ont donc pas été surpris lorsque Jean-Marc Morandini, confronté à la justice, a laissé sa place à son dauphin à la rentrée de septembre 2016.
Mais ce remplacement n'a duré qu'une saison. Comme Natacha Polony, Thomas Joubert n'a pas été reconduit suite aux mauvaises audiences de la station d'Arnaud Lagardère. Une lettre reçue le 24 mai 2017 lui a signifié la fin de son contrat le 9 juillet 2017.
Le journaliste a alors saisi les prud'hommes de Paris pour demander la requalification des contrats à durée déterminé d'usage (CDDU) en contrat à durée indéterminée (CDI) et, sur la base de 10 000 euros bruts par mois ; il a réclamé 32 619 euros d'indemnité de requalification, 13 860 euros de rappel de salaire, 20 000 euros de préavis, 64 084,51 euros d'indemnité conventionnelle de licenciement, 152 222 euros pour licenciement sans cause réelle et sérieuse et 3 000 euros d'article 700.
Devant un président, deux conseillers et une conseillère, l'avocate de Thomas Joubert (Corinne Pourrinet) et celui d'Europe News, la filiale d'Europe 1 (Sébastien Leroy, qui avait également défendu les intérêts de la station contre Natacha Polony) ont exposé leurs arguments.
Pour l'avocate du journaliste, la succession de contrats précaires est injustifiée. Elle retrace l'arrivée de Thomas Joubert: "à l'issue de l'été, il a fait l'unanimité. Il rempile". Engagé comme chroniqueur dans l'émission de Jean-Marc Morandini, il signe également un contrat de "rédacteur reporter deuxième échelon" pour remplacer son patron chaque fois qu'il est absent et en dernier lieu, comme rédacteur en chef de l'émission lorsque Morandini doit se consacrer à sa défense
Morandini était en CDI, "depuis juillet 2008, après 5 ans en CDD", précise l'avocate. Pas Joubert. "Pourquoi cette disparité de traitement alors que mon confrère reconnaît lui-même qu'il était un des talents de la radio ?" interroge-t-elle.
En outre, si à l'issue de ses problèmes avec la justice le présentateur vedette revient, Thomas Joubert doit lui laisser sa place, indique son dernier contrat de travail. "Il a une épée de Damoclès sur la tête", a plaidé Maître Pourrinet. L'émission a duré 14 ans, il y a toujours un chroniqueur media, donc le CDDU n'est pas justifié". "C'est une question de loyauté, c'est grâce à Morandini que chaque année il revenait, c'était son mentor", a riposté l'avocat d'Europe News. L'émission a disparu à la rentrée 2017.
"Il n'a pas démérité, mais le choix fait partie du pouvoir de direction d'Europe 1", clôt Maître Leroy.
Pourtant, comme il l'avait fait pour Natacha Polony, l'avocat de la radio avance une proposition: si Europe 1 était condamnée "6,5 mois de dommages et intérêts ne seraient pas déraisonnables" (65 000 euros) - au lieu des 15 mois demandés. "Son préjudice est d'au moins un an, il est encore au chômage, la saison reprend en septembre", plaide encore Me Pourrinet. "Pôle emploi l'indemnise" rétorque son contradicteur.
Contrairement à l'affaire de Polony qui reposait sur les mêmes arguments et qui a été renvoyée en départage, la troisième chambre de la section encadrement a décidé de débouter Thomas Joubert. Les prud'hommes jouent-ils à pile ou face ? Le journaliste a en tout cas décidé de faire appel.