"Il ne faut jamais chercher à être aimé." Le président Emmanuel Marcon met en garde contre "un piège terrible" dans le documentaire Macron président, la fin de l'innocence, diffusé un an jour pour jour après son élection et en pleine crise sociale, lundi 7 mai sur France 3.
"Dans ma fonction, il y a d'aimer la France, et les Françaises et les Français, comme ils sont", considère Emmanuel Macron, qui prévient toutefois qu'"il ne faut pas chercher l'amour en retour". "C'est l'ingratitude de cette fonction."
Le Président reconnaît en outre que les Français "sont quand même étonnants". "Ce peuple, que tous les autres regardaient comme fatigué et impossible à réformer, impossible à faire avancer, cabossé de partout, divisé, perclus de doutes, frappé par le terrorisme, s'est réveillé un beau matin et a décidé que ce serait quelqu'un qu'ils ne connaissaient pas deux ans plus tôt, qui a 39 ans, qui allait les diriger", développe-t-il. "Comment voulez-vous qu'on n'aime pas le peuple français ?"
Avant même sa diffusion, le documentaire a pourtant suscité la polémique dans la classe politique. La faute à une petite phrase du Président : "Le colonel Beltrame est mort parce que la France, ce sont des idées, des valeurs, quelque chose d'une guerre qui le dépasse".
Or, selon Emmanuel Macron, "les gens qui pensent que la France, c'est une espèce de syndic de copropriété où il faudrait défendre un modèle social qui ne sale plus (sic), une République (où) on invoque la tragédie dès qu'il faut réformer ceci ou cela, et qui pensent que le summum de la lutte c'est les 50 euros d'APL... Ces gens-là ne savent pas ce que c'est que l'histoire de notre pays".
"Se servir de la magnifique figure du colonel Beltrame pour salir ceux qui luttent pour leurs droits est misérable", a tweeté le PCF. Le porte-parole du PS Boris Vallaud a jugé "petit d'opposer les héros des plus pauvres", estimant que "ceux qui sont à 20 euros près ne méritent pas ce mépris".
Le député LR David Lorion a estimé qu'"il est des familles pour qui 50 euros n'est pas une petite somme et notamment pour se loger". "Est-ce pour faire culpabiliser les personnes concernées et leur demander de se taire ?", a encore interrogé le parlementaire.
La baisse des APL de 5 euros par mois décidée à l'automne avait été vivement critiquée. Le Premier ministre avait lui même reconnu que ce n'était "pas intelligent". Dimanche 6 mai, le secrétaire d'État à la Cohésion des territoires Julien Denormandie a reconnu que cette baisse avait été une "mauvaise décision" et a promis qu'il n'y "aurait plus aucun perdant" en matière d'APL.