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États Généraux du Livre : Quand la Macronie méprise les auteurs français

Ce 22 mai, à l’initiative du Conseil Permanent des Écrivains, se tiendront les États généraux du livre. Cette après-midi d’échange intervient alors que les auteurs subissent de plein fouet les réformes sociales. Et que, depuis des années, leur situation semble totalement ignorée.
 
Depuis quelque temps, la rumeur enfle : la Maison de la poésie qui accueillera les États généraux du livre ne semble pas séduire les pouvoirs publics. Et le Conseil Permanent des Écrivains, qui réunit plusieurs associations d’auteurs, le déplore.
 
Maintenant, on ne fait plus que le déplorer : on trouve insupportable le mépris que les ministères affichent ouvertement face aux revendications de « 270.000 artistes-auteurs ». Dans une lettre ouverte, le président du CPE, Pascal Ory, interpelle tout le monde : depuis l’Élysée en passant par Matignon, sans oublier les différents ministères en cause.
 
Emmanuel Macron, Edouard Philippe, ainsi que les ministres de l’Économie, des Solidarités et de la Santé ou encore de la Culture... « aucun de vous n’a répondu favorablement à notre invitation », constate le courrier, que diffuse ActuaLitté.
 
Et pourtant, tous ont été « invités à venir répondre aux légitimes questions que se posent les auteurs sur les réformes fiscales et sociales engagées ». Or, à une petite quinzaine de jours de l’événement, personne ne daigne se préoccuper d'apporter des réponses.
 
Et le CPE d’asséner : « Nous sommes par ailleurs consternés qu’aucun représentant de la Direction de la Sécurité sociale n’ait accepté de participer à ces États Généraux. Si votre absence se confirmait, nous ne pourrions en tirer qu’une conclusion : le total désintérêt que vous portez aux 270 000 artistes-auteurs. »
 
Les États généraux n’intéressent donc pas les pouvoirs publics, qui préfèrent possiblement s’intéresser à l’événement très officiel initié par Emmanuel Macron. En effet, à Saint-Malo, durant la manifestation Étonnants voyageurs, doivent se tenir les Assises du livre en français, le 21 mai.
 
Selon ActuaLitté, ces Asssises, précédemment baptisées Etats généraux sont pilotées par le ministère de la Culture, qui a mandaté Paul de Sinety pour les mener à bien. Avec un financement de quelque 15.000 € apportés par le CNL, elles doivent se dérouler sur toute une année.
 
La chose est amusante, et démontre une fois de plus la verticalité ambiante : ce qui émane d’Emmanuel Macron est suivi. Ce qui vient de la base – ici les auteurs, en l’occurrence – est ignoré. Or, justement, les États généraux du livre en français, présentés par le président de la République avaient soulevé... la colère des auteurs, considérant que d’une part, le nom initialement employé – États généraux du livre – les privait de leur propre initiative.
 
Denis Bajram, membre du SNAC BD, restait consterné :
 
"Soit c’est volontaire, avec l’idée d’écraser sous le poids de la puissance publique les États Généraux du Livre créés à l’initiative des auteurs, et c’est, dans ce cas, une véritable déclaration de guerre aux créateurs du livre. Je n’ose le croire.
 
Soit, et c’est probable, c’est de l’oubli, de la maladresse, de l’ignorance. Dans ce cas, ce manque de professionnalisme retire toute crédibilité et légitimité aux organisateurs de cette manifestation."
 
Or, l’autre problème était avant tout que ces États généraux allaient se dérouler sans avoir sollicité les auteurs. Personne n’était dupe : depuis l’annonce faite en mars dernier par le président, les intentions étaient claires. Cette opération visait avant tout à conforter la position d’Emmanuel Macron au sein de la francophonie.
 
Désormais, et après la levée de boucliers, les Etats généraux sont devenus Assises du livre en français, rebaptisées un peu en catastrophe.
 
Le programme a été gonflé aux stéroïdes : on annonce une étape en Afrique pour décembre, et un rendez-vous pris au printemps prochain en France. Ces Assises prétendent œuvrer « pour le développement des maisons d’édition et la coopération nord-sud et sud-sud », explique un proche du dossier.
 
« Il y a une ambition très forte chez le président », poursuit-on. Et pour cause : en regard du succès que les Assises de l'édition organisées par le salon du livre de Genève ont pu rencontrer, et qui sont organisées depuis quatre ans, on comprend qu'il soit intolérable à Emmanuel Macron de voir le sujet francophonie lui échapper.
 
D'autant que cette année, une journée était pleinement consacrée au livre en Afrique, avec un important volet sur les politiques du livre. Il est regrettable qu'aucune tentative de rapprochement entre Saint-Malo et Genève n'ait été opérée – ou bien est-ce particulièrement significatif ?
 
Le CPE, qui regrette de n’avoir aucune réponse des ministères, pourra toujours se rabattre sur les Assises de Saint-Malo pour rencontrer les pouvoirs publics : nul doute que les cabinets qui boudent les Etats généraux n'oseront pas ignorer l'appel du président pour ses Assises.
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