Certains n'ont même pas pu mettre le pied sur le sol parisien. Dès le petit matin ce samedi 8 décembre, les forces de police ont procédé à un nombre très important de contrôles -y compris en amont de Paris- pour sécuriser au maximum l'acte IV de la mobilisation des gilets jaunes. Par rapport à la troisième journée qui avait viré au chaos, samedi 1er décembre, la stratégie policière a changé.
Le nombre impressionnant d'interpellations qui a eu lieu très tôt en dit long sur ce changement. A 11 heures, Édouard Philippe a fait le point au ministère de l'Intérieur. Il a annoncé qu'il a déjà été procédé à 481 interpellations qui ont donné lieu à 211 gardes à vue. A titre de comparaison, il n'y avait eu que que 412 interpellations sur toute la journée.
Le 1er décembre, il s'agissait d'individus qui avaient déjà commis des violences. Cette fois, la plupart de ces interpellations (qui ont eu lieu dès vendredi soir) ont eu une vocation préventive pour empêcher ces manifestants de passer à l'acte. Venus saluer les personnels mobilisés, Christophe Castaner avait exposé son ambition : dissocier manifestants pacifiques et éventuels casseurs. "Ces derniers ne sont forts que s'ils s'immiscent dans les gilets jaunes", avait déclaré le ministre de l'Intérieur.
Quelques-unes des interpellations ont eu lieu dans le cadre de procédures judiciaires qui ont permis d'identifier des appels à commettre des actes illégaux. Mais la plupart sont basées sur des contrôles qui ont massivement lieu depuis le début de la journée. Ils sont réalisés grâce à des réquisitions du procureur de la République qui a autorisé les fouilles.
La gendarmerie a par exemple publié une courte vidéo qui présente une triple interpellation de personnes "porteurs de cagoule et de matériel de casseur". La préfecture a diffusé pour sa part une photo d'objets saisis dans le coffre d'une voiture. "Des boules, des marteaux, des masques, c'est l'attirail du casseur, des gens qui veulent commettre des dégradations ou jeter des projectiles. Quand vous avez des boules, c'est pour blesser, voire pour tuer", a dénoncé Johanna Primevert, porte-parole de la préfecture de police sur BFMTV.
Ces contrôles ne concernent pas seulement les abords des Champs-Élysées ou d'autres lieux stratégiques de la capitale. Ils ont eu lieu aussi près des gares mais aussi aux péages à proximité de la capitale, voire dans les villes de départ. Ordre a été donné de saisir les masques de protection et tous les objets qui pourraient devenir des armes par destination.
Un autre changement de stratégie a été observé dès le début de matinée sur les Champs-Élysées. Les forces de l'ordre ont procédé à plusieurs charges, allant plus souvent que d'habitude au contact des manifestants. Cela s'accompagne d'une volonté de réduire l'usage de gaz lacrymogènes, voire des canons à eau.