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Les journalistes gagnent-ils vraiment «entre 15 000 et 60 000 euros» ?

Les journalistes gagnent-ils vraiment «entre 15 000 et 60 000 euros» ?
Les salaires prétendument élevés des journalistes expliqueraient leur déconnexion avec le quotidien de la plupart des Français. Qu’en est-il vraiment ?
 
« Trop parisien », « occuper à s’acoquiner avec les politiques », « bien au chaud dans leur tour d’ivoire »… La liste des reproches exprimés à l’encontre des journalistes est longue, notamment de la part de Gilets jaunes. L’une des causes avancées pour expliquer leur déconnexion avec le quotidien de la plupart des Français est qu’ils seraient trop payés. Loin des soucis de fin de mois, les journalistes biaiseraient le traitement de l’actualité sur les plus modestes.
 
En pleine mobilisation des Gilets jaunes, les critiques sur les salaires du personnel médiatique ont ainsi pullulé sur les réseaux sociaux. Un reproche repris semble-t-il par l’historienne Ludivine Bantigny, invitée sur le plateau d’Arrêt sur image pour analyser le traitement médiatique de la mobilisation des Gilets jaunes.
 
Sans être contredite, cette spécialiste des mouvements sociaux et des engagements politiques affirme dans une courte vidéo que la déconnexion des journalistes viendrait du fait qu’ils sont « payés entre 15 000 et pour certains 50 000 à 60 000 euros mensuels. »
 
Les propos de l’historienne ont déclenché une levée de boucliers de journalistes sur les réseaux sociaux, dont Cécile Ollivier, journaliste police-justice à BFMTV.
 
Contactée par Le Parisien, Ludivine Bantigny s’étonne de l’ampleur de la polémique soulevée par ses propos. « Evidemment, je ne parlais que des présentateurs stars. C’est de la mauvaise foi de penser que je parlais de tous les journalistes », précise l’historienne soulignant l’hétérogénéité des revenus dans la profession. « Mais il y a bien un problème avec des vedettes déconnectées du monde social et qui nous dictent les manières de penser ». L’historienne assure qu’elle évoquait notamment Ruth Elkrief et Bruce Toussaint, présentateurs de l’émission spéciale Gilets jaunes du 5 décembre sur BFMTV.
 
Le présentateur de l’émission, Daniel Schneidermann, a abondé sur Twitter : « Chacun sait bien que l’immense majorité des journalistes sont très loin de ces montants. Sans parler de tous les pigistes et précaires. » Une réponse qui n’a pas non plus manqué de faire réagir sur les réseaux sociaux.
 
Selon l’Observatoire des métiers de la presse, le revenu médian brut mensuel d’un journaliste en 2016 était de 3549 euros pour les professionnels en CDI (environ 2800 euros net), de 1969 euros pour les pigistes, et de 1896 euros pour les salariés en CDD. Selon le même observatoire, 73,7 % des journalistes étaient en CDI en 2016, contre 18,7 % en pige et 3,2 % en CDD.
 
Les salaires de journalistes de presse écrite respectent par ailleurs une grille établie par le syndicat national des journalistes. En 2017, dans la presse quotidienne nationale, les salaires s’étalaient entre 2162,62 euros brut pour un journaliste rédacteur sortie d’une école agréée (considéré selon la grille comme un « stagiaire du 13e au 24e mois ») à 5430,49 pour un rédacteur en chef. Pour la presse quotidienne régionale, les salaires vont de 1832,73 à 5138,49 euros.
 
Des chiffres à prendre avec des pincettes, tant les médias sont discrets sur les émoluments dévolus à leurs vedettes.
 
Moins timide que les autres, le présentateur de BFMTV François Gapihan n’a pas hésité à révéler en direct que son salaire net mensuel s’élevait à 3600 euros, alors qu’il interviewait un Gilet jaune. Il anime tous les jours deux heures d’antenne.
 
Si l’écrasante majorité des journalistes ne jouissent donc pas de salaires mirobolants, ils bénéficient en revanche d’un avantageux abattement fiscal, appelé « allocation de frais d’emplois ».
 
Instaurée en 1934, elle permet aux journalistes, qu’ils soient titulaires ou non de la carte de presse, de déduire 7650 euros de leurs revenus imposables au titre de frais importants. Niche fiscale très décriée, l’idée de sa suppression revient très régulièrement dans les débats budgétaires. En pleine discussion sur le projet de loi de finance 2019, la commission des finances du Sénat a voté le 23 novembre pour le plafonnement de l’avantage fiscal pour les journalistes gagnant plus de 93 510 euros brut annuel (soit environ 6000 euros/mois net), et cela, contre l’avis du gouvernement. Hasard du calendrier, ce lundi, les députés devaient se prononcer sur la mesure. Son coût pour les finances publiques est estimé à 50 millions d’euros.
 
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