L’ex-ministre des Sports, aujourd’hui présidente de la Commission nationale du débat public, devrait toucher 176.000 euros en 2019, un salaire presque équivalent à celui d’Emmanuel Macron.
Le grand débat national proposé par Emmanuel Macron en réponse à la crise des gilets jaunes n’est pas encore entamé qu’il suscite déjà la polémique. En cause ? Le salaire de Chantal Jouanno, présidente de la Commission nationale du débat public, qui est chargée d’organiser cette consultation citoyenne. Selon les chiffres révélés lundi par La lettre A l’ex-ministre des Sports devrait toucher 176.000 euros en 2019, soit près de 15.000 euros bruts par mois, un revenu quasi-équivalent à celui du président de la République ou du Premier ministre (qui touchent chacun 15.140 euros bruts par mois).
Une somme qui fait grincer des dents, à l’heure où les principales revendications des gilets jaunes portent sur les inégalités et le pouvoir d’achat.
"C’est le salaire fixé par les autorités [pour] les présidents de la CNDP, quels qu’ils soient", a indiqué Chantal Jouanno lundi, interrogée sur France Info. En effet, il a été fixé par décret par le gouvernement et son montant n’est pas lié précisément à la mission d’organisation du débat national, mandatée par Edouard Philippe, mais à des responsabilités plus large. La nomination de l’ancienne sénatrice au poste de présidente de la Commission nationale du débat public n’est d’ailleurs pas liée à la crise des gilets jaunes mais remonte au 22 mars 2018.
En revanche, l’augmentation de sa rémunération, elle, est bien nouvelle : pour son poste en 2018, Chantal Jouanno a reçu 172.425 euros bruts (selon les rapports annexes à la loi de Finances 2019), soit 10% de plus que son prédécesseur. En 2019, ce salaire devrait de nouveau connaître une augmentation de 2,4%. Des sommes bien supérieures à celles allouées aux autres membres de la Commission : 186.764 euros au total pour les salaires des deux vice-présidents (soit 93.000 chacun), et 30.000 euros au total pour les 18 collaborateurs (les indemnités de séance s’élevant à 152 euros).
Ces niveaux de salaire, ainsi que tous ceux des dirigeants des Autorités administratives indépendantes (AAI) sont dénoncés depuis plusieurs années par des parlementaires. Car Chantal Jouanno n’est pas un cas isolé : Robert Ophèle, le président de l’AMF, l’Autorité des marchés financiers, percevra par exemple 238 978 euros brut cette année, soit 30% de plus qu’Emmanuel Macron.
Sur France Info, Chantal Jouanno a assuré qu’elle "comprenait" que ces montants pouvaient choquer, tout en restant floue sur sa volonté d’accepter ou non une baisse de rémunération…
"Je comprends (que ça puisse choquer) et je pense que c’est important aussi que les gens disent pourquoi ça les choque, en quoi ça pose problème, et à la limite, s’ils veulent faire une proposition pour réviser ce salaire, ils en sont totalement libres."