Affecté par les multiples attaques dont il fait l’objet, le jeune artiste et candidat de la France à l’Eurovision répond aux polémiques.
C’est la gorge nouée que Bilal Hassani s’est confié ce dimanche soir au « Parisien ». Depuis qu’il a été choisi pour représenter la France à l’Eurovision le 26 janvier dernier, le jeune artiste de 19 ans, est la cible de nouvelles attaques homophobes et racistes sur les réseaux sociaux, qui l’ont conduit à porter plainte.
Vendredi, un message de 2014 exhumé de son compte Twitter, où il considérait qu’Israël était responsable de « crime contre l’humanité » a créé la polémique. Ce dimanche réapparaissait une vidéo où il « incite à la banalisation du terrorisme » selon Henri Leroy sénateur LR des Alpes-Maritimes qui réclame dans un courrier adressé aux organisateurs de l’Eurovision que le chanteur soit écarté de l’événement. Bilal Hassani a choisi de mettre les choses au point.
Une vidéo datant d’il y a quelques mois vous montre chantant dans la rue «Attentats par ci, attentats par là» de manière très légère. De quoi s’agit-il ?
Cette vidéo est liée à la finale de la Coupe du monde, c’était un moment fou pour nous tous. Un type dans la rue hyper content a été filmé après la victoire de la France. Il sautait de joie était soulagé pour le pays après les épreuves que nous avons traversés en 2015. Il a dit tout en dansant : la France a beaucoup souffert, attentats par ci, attentats par là. Sa vidéo a tourné partout sur Twitter, elle est devenue virale. Les gens l’ont reprise en chansons, elle a inspiré des chorégraphies. Et j’en ai fait une aussi avec mes potes. Il n’y a rien de malveillant. Aujourd’hui, on sort la vidéo de son contexte, on la réinvente pour essayer de faire croire que je suis pro attentat.
Des trolls d’Internet qui savent très bien ce qu’ils font, ils ont envie de me voir tomber. Le 13 novembre dernier, les mêmes m’ont dit que j’aurais dû mourir explosé ce jour-là. J’ai d’ailleurs porté plainte contre dix-huit comptes Twitter. Ces accusations sont extrêmement blessantes pour moi, je suis Français et j’ai énormément souffert en 2015, comme tout le monde. Les attentats du 13 novembre et de Charlie Hebdo m’ont brisé le cœur.
Dans un tweet de 2014 vous auriez dit qu’Israël est responsable de « crime contre l’humanité » et que vous souteniez Dieudonné…
A l’époque, j’étais jeune (NDLR : il avait 14 ans) et bête. Je partageais mon mot de passe avec une dizaine de personnes. On s’échangeait entre fans de célébrités nos mots de passe pour pouvoir parler directement aux artistes, quand ils suivaient notre compte. A cette époque, j’allais sur Twitter, une fois tous les six mois et je ne savais pas ce qu’il y avait sur mon compte. Je n’avais aucune idée de la situation géopolitique dans le monde. Mes centres d’intérêt c’était Beyoncé et Lady Gaga. Si j’avais été l’auteur de ces tweets, j’aurais fait du nettoyage pour les cacher, mais je ne connaissais pas leur existence. Je ne considère pas qu’Israël soit responsable de crime contre l’humanité, ce n’est pas du tout mon opinion. Je suis tellement heureux d’y partir pour l’Eurovision. Quant à Dieudonné, je ne sais même pas qui il est. J’ai 19 ans, ce n’est pas du tout ma génération.
Est-ce que ça veut dire que pour certains, un garçon d’origine marocaine homosexuel comme vous ne peut pas représenter la France ?
Oui. Ça dérange beaucoup que mes parents soient nés au Maroc et que je sois homo, on ne peut pas le nier. Et que je porte les couleurs de mon pays. Mais j’essaie de me concentrer sur l’amour que l’on me porte. Ce week-end à Bordeaux, il y avait des familles entières qui me soutenaient. Je suis fier de représenter la France. Tout ça m’atteint, ça me fait mal, ça m’attriste, mais je suis encore plus déterminé à répondre à tous ces haineux, à porter plainte en diffamation.
Qu’est-ce que vous avez envie de leur dire ?
Lâchez-moi, laissez-moi tranquille, laissez-moi vivre s’il vous plaît. Je suis un être humain comme un autre, et, eux, me prennent pour un objet… leur puching ball. Laissez-moi profiter d’un moment magique, je réalise le plus beau rêve de ma vie à l’Eurovision cette année. Laissez-moi juste un peu tranquille. Rien qu’un peu.