Depuis samedi, la fièvre de l’Égypte s’est emparée de Paris ! Beaux-Arts a découvert pour vous, en avant-première, les 150 objets du trésor de Toutânkhamon montrés à la Grande Halle de la Villette, à Paris. Un événement qui n’était pas arrivé depuis 1967, où 1,2 million de visiteurs étaient venus admirer la fabuleuse découverte de Howard Carter au Petit Palais. Un rendez-vous qui fera date !
En présence du roi Toutânkhamon
C’est la première fois qu’une telle merveille quitte l’Égypte ! Cette saisissante statue est à l’effigie du roi Toutânkhamon et à taille réelle (environ 1,65 cm sans le socle). Le ka du pharaon, c’est-à-dire une sorte de génie qui l’accompagne et le protège, habite cette statue. La couleur noire renvoie à la fertilité du Nil et à la promesse d’une résurrection. L’or est un symbole du soleil mais aussi de la « chair des dieux », imputrescible comme le métal précieux. Le roi arbore ici la coiffe royale, appelée némès. Cette statue a été retrouvée à l’entrée de la chambre funéraire, à côté d’une autre statue quasi identique.
Dans l’intimité du couple royal
C’est l’un des objets les plus fascinants découverts dans la tombe de Toutânkhamon. Cette petite chapelle (ou naos en grec) en bois doré affiche un émouvant décor, qui met en scène le couple royal formé par Toutânkhamon et sa sœur-épouse, dans leur intimité. Chasse, musique, vin… Ces scènes, à première vue domestiques, mettent en fait l’accent sur le rôle de la reine Ânkhésenamon envers son époux, notamment son action « vivifiante », ici-bas (avec des allusions au couronnement) et dans l’au-delà.
Si vous avez un enfant de 8–10 ans, ce petit trône en bois juste à sa taille risque de fortement vous émouvoir. Les artisans l’ont en effet réalisé au début du règne de Toutânkhamon, alors qu’il n’est encore qu’un garçonnet. Les formes géométriques sont incrustées d’ivoire, et le piétement affiche des pattes de lion, dont les griffes sont recouvertes d’or. Des panneaux en or repoussé, où surgit sur les côtés extérieurs un bouquetin bêlant, achèvent le décor.
Dire que cette beauté est un accessoire – une attache – de char ! Cette figurine de faucon solaire renvoie à Horus, dieu protecteur du pharaon. Le réseau de symboles ne s’arrête pas là. Sur les deux faces du disque qui lui coiffe la tête figure une image du dieu scarabée Khépri, lui-même flanqué de deux uraeus (cobras royaux), qui portent des ankhs (des croix). Chaque cobra arbore la double couronne de Haute et Basse-Égypte. Sous le scarabée, trois traits indiquent le pluriel et un panier neb. Ce disque solaire offre une interprétation sophistiquée du nom de couronnement de « Toutânkhamon, Nebkhéperourê ».
Howard Carter, découvreur du tombeau de Toutânkamon en 1922, voyait en cette figurine en or, d’un peu plus de 5 centimètres, une image du grand-père du pharaon, Amenhotep III. Cependant, les oreilles percées du personnage ont fini par laisser penser qu’il s’agit de Toutânkhamon lui-même. Celui-ci est représenté accroupi, dans la position des enfants-dieux. Il porte sur sa tête le khépresh (couronne royale) et le cobra royal. Il tient aussi dans sa main droite la crosse et le fouet royaux. Ce pendentif gisait dans le tombeau du roi avec une boucle de cheveux enveloppée dans du lin. Après analyses génétiques, il s’avère qu’il s’agit d’une mèche de Tiyi, la grand-mère de l’enfant-roi.
Le tombeau de Toutânkhamon recelait des groupes de statuettes figurant le pharaon debout, en train d’harponner ou, comme ici, juché sur une panthère. Enveloppées dans un tissu de lin et placées dans des coffres-chapelles de bois noirci, ces statuettes évoquent les dangers qui peuvent menacer la renaissance du roi défunt. La panthère en marche, sur laquelle est monté Toutânkhamon, représente sans doute Mafdet, une divinité protectrice qui va accompagner le souverain dans son voyage vers l’au-delà.
Une parure pour l’éternité
Toutânkhamon a été inhumé avec quantité de bijoux. Au total, l’archéologue Howard Carter a découvert plus de 200 pièces d’orfèvrerie, dont 150 merveilleuses amulettes, bracelets et parures. Ces ornements en or, incrustés pour certains de verre et de pierres semi-précieuses, étaient entreposés dans des coffres ou glissés directement entre les bandelettes de la momie. Cette dernière reposait à l’intérieur de trois sarcophages-gigognes, depuis plus de 3000 ans.
Plongée dans le mystère des pharaons
Admirer les trésors de Toutânkhamon : l’occasion ne se présentera pas de sitôt ! En tournée mondiale avant de rejoindre le futur musée du Caire en 2022, ils rejoindront ensuite un espace entièrement dévolu aux quelque 5000 objets du pharaon. Une scénographie immersive, qui cultive le mystère, et vous plonge directement dans la fabuleuse découverte d’Howard Carter il y a presqu’un siècle.