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Franck Riester : "Il n'y a pas assez de musique à la télé"

C'est la première Fête de la musique de Franck Riester. Ce vendredi 21 juin, il va y consacrer toute sa journée, entre un lancement à six heures à Rungis, avec Jack Lang, et une déambulation tardive dans les rues de Paris. Il a reçus les journalistes du Parisien au ministère de la Culture pour répondre aux questions sur la musique, tout comme le pass culture, la télévision ou le chantier de Notre-Dame.
 
Le slogan « Faites de la musique », c'est pour inciter les Français à s'investir dans cette fête ?
 
FRANCK RIESTER : Oui ! L'idée, c'est que les Français soient aussi actrices et acteurs de cette grande fête populaire. En tant que maire de Coulommiers (Seine-et-Marne) pendant dix ans (NDLR : de 2008 à 2017), j'ai constaté cette tendance à être plus spectateur et moins acteur. D'ailleurs, j'ai souhaité qu'en plus des concerts, le Hall de la chanson investisse le ministère avec un karaoké et propose des tutoriels en ligne pour que les Français chantent tous ensemble.
 
Y a-t-il des nouveautés ?
 
On va chanter dans toute l'Europe au même moment, à 20 heures, l'Ode à la Joie de Beethoven, l'hymne européen. Après l'incendie de Notre-Dame, 20 des 28 ministres de la Culture et des représentants des huit autres sont venus à Paris nous soutenir et c'est à ce moment-là que je leur ai proposé cette idée.
 
Le Centre national de la musique est lancé. À quoi va-t-il ressembler et servir ?
 
À partir du 1er janvier 2020, ce sera la maison commune où l'on va rassembler tous les dispositifs et tous les acteurs de la filière musicale, pour mener des combats en commun, comme a su le faire le monde du cinéma. Ensemble, on va soutenir des politiques publiques pour promouvoir la diversité, mieux accompagner les artistes, mieux les exporter…
 
Les directeurs de festivals se plaignent du poids financier de la sécurité imposée par le ministère de l'Intérieur. Les comprenez-vous ?
 
C'est vrai que depuis les attentats terroristes, la sécurité est renforcée et cela grève les budgets des festivals, y compris les gros. Je travaille avec Christophe Castaner, ministre de l'Intérieur, pour essayer de limiter cet impact, pour apporter des aides, mais ce n'est pas encore réglé et c'est une préoccupation. Ce qui me remonte des festivals – surtout petits et associatifs, c'est qu'ils ont des difficultés avec la sécurisation, les subventions locales et parfois la fréquentation. L'arrivée de nouveaux festivals a aussi eu une incidence.
 
Justement, le développement en France des deux poids lourds internationaux que sont Live Nation et AEG vous préoccupe ?
 
La diversité des festivals est un enjeu majeur. Il faut qu'on soit vigilant pour que ceux qui ont créé les premiers festivals, souvent associatifs, ne soient pas ceux qui souffrent le plus. Il faudra qu'à un moment donné on ait un accompagnement spécifique pour ceux-là.
 
Les dernières Victoires de la musique ont été peu suivies et très critiquées. Peut-on continuer comme ça ?
 
Il faut que ce soit une fête populaire et s'il y a de moins en moins d'audience, c'est un sujet. Mais c'est une émission indispensable. Et il n'y a pas assez de musique à la télé, il en faut plus.
 
Vous suivez l'affaire Johnny ?
 
Non. À part ce que je lis dans la presse. C'est à la justice de trancher. Mais j'aime bien Johnny, je l'ai vu au Stade de France et à Bercy, et les deux fois c'était magique. J'ai des goûts musicaux très éclectiques, j'aime le reggae, la musique de chambre, la folk, la chanson française… Calogero, Cabrel, Barbara, Brel, Aznavour, Gainsbourg, Balavoine… La musique me procure une émotion dont j'ai besoin.
 
Où en est le pass culture ?
 
Depuis juin, 150 000 jeunes (dans 14 départements de l'Hexagone et d'Outre-mer) peuvent utiliser les 500 euros de leur pass (sur un an), pour la musique en ligne, les concerts, les festivals, qui sont de plus en plus chers. Il ressort que la musique est la deuxième utilisation des jeunes après le livre. L'objectif sera de le généraliser à toute la France.
 
Un rapport parlementaire préconise de réformer le Centre national de la cinématographie (CNC). Vous vous y opposez, pourquoi ?
 
Ne cassons pas des systèmes qui nous ont permis, en France, d'avoir une création cinématographique exceptionnelle. Le CNC accompagne la création, mais aussi la diffusion, le développement des salles en France, leur numérisation, l'accès aux handicapés… Ce dispositif contribue à ce que nous ayons un cinéma français très fort : plus de 200 millions d'entrées en salles en 2018, largement au-dessus des autres pays européens. Attention à ne pas jeter le bébé avec l'eau du bain.
 
Delphine Ernotte, la présidente de France Télévisions, vient de se déclarer favorable à la suppression des jours interdits à la diffusion de films de cinéma à la télévision. Vous êtes pour ou contre cette suppression ?
 
Je suis favorable à ce que le public ait accès le plus largement aux œuvres, et il ne faut pas que nos chaînes de télévision ne puissent pas offrir aux spectateurs ce que les plateformes de flux leur offrent. Ce sera tranché au moment de la présentation de la loi audiovisuelle.
 
La chronologie des médias – système qui régule les délais entre la sortie d'un film en salles et son passage à la télévision ou sur une plateforme – a été récemment assouplie. Mais ne faut-il pas encore revoir le système ?
 
C'est un sujet majeur de la loi audiovisuelle, et oui, il faut absolument faire encore évoluer les règles applicables, pour qu'il y ait une concurrence loyale entre les acteurs « traditionnels » de la diffusion – le cinéma et la télévision – et les nouveaux (NDLR : les plateformes).
 
Vous avez à nouveau alerté sur les risques d'effondrement de la voûte de Notre-Dame. Où en est le chantier de sécurisation ?
 
La voûte sera sécurisée dans quelques semaines, mais c'est un chantier complexe, qui nécessite la construction d'un plancher au-dessus et en dessous de la voûte. Cela prend du temps…
 
Du coup, l'objectif d'une reconstruction dans les cinq ans est-il réaliste ?
 
C'est un objectif de mobilisation. Cela n'empêchera peut-être pas de refaire des messes à Notre-Dame avant cinq ans, même si tout ne sera peut-être pas terminé dans l'édifice ou à ses abords, ni de continuer les travaux au-delà de ce délai, notamment dans l'environnement immédiat autour de la cathédrale. Il ne faut pas confondre vitesse et précipitation.
 
Seulement 9 à 10 % des promesses de dons ont été versées pour le moment, cela vous inquiète ?
 
Absolument pas, il est normal et légitime que des donations fassent l'objet de conventions et se concrétisent au fur et à mesure de l'avancée des travaux. Les appels d'offres, la réflexion architecturale, la décision de reconstruire à l'identique ou pas seront décidés une fois cette sécurisation terminée. Et je souhaite que les Français soient consultés sur le projet de restauration.
 
Vous auriez envie, comme Jack Lang, de créer un événement comme la Fête de la musique ?
 
Le ministère de la Culture, c'est une continuité, nous veillons à consolider certains dispositifs, ou parfois à les supprimer. Je vois que nos compatriotes font de plus en plus de vidéos, est-ce que demain on ne peut pas créer une opération autour de ça ? De là à lancer un « événement Riester », non, ce n'est pas ma préoccupation. Ce qui m'importe, c'est de faire rayonner ce ministère. Il ne faut pas oublier que nous, les ministres, nous ne sommes que de passage.
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