L’astrophysicien Aurélien Barrau dénonce le « grotesque » de ceux qui considèrent le combat écologique comme une menace.
Depuis quelques jours, les lanceurs d’alerte – quant à la situation dramatique de la vie sur Terre – sont la cible d’attaques ad hominem, de calomnies, de moqueries, d’insultes, de caricatures, de tentatives de discrédit, d’extrapolations délirantes, de procès en imposture ou en dictature…
C’est très rassurant et plutôt bon signe : parce qu’il n’est plus possible de douter de la véridicité de la catastrophe écologique, un vent de panique semble souffler sur les plus réfractaires à toute forme d’inflexion systémique. Le déni n’étant plus tenable, ils changent leur fusil d’épaule : tout leur devient acceptable, sans limite dans l’irrationnel et la mauvaise foi, pour ne surtout rien perdre en confort.
Il est étonnant que, chez certains, l’angoisse ne naisse pas du désastre en cours, qui est scientifiquement établi, mais du fait que la recherche de solutions soit enfin posée sur la table.
Il n’y a pas lieu de souligner le grotesque d’une « dictature verte » menaçant l’ordre du monde. Le monde (au sens du foisonnement qui le caractérise encore) est précisément en train de se suicider et le cœur du combat écologique consiste à endiguer ce mouvement. Quand l’idée que la vie est plus importante que l’argent sonne comme « dictatoriale », c’est qu’une tout autre menace que le réchauffement plane également sur nous.
L’enjeu de la révolution écologique est simple : apaiser notre rapport au vivant, sortir de la logique de pure prédation, penser une « alter croissance » qui valorise des valeurs plus profondes et épanouissantes que la seule possession de richesses matérielles impactant drastiquement l’état de la planète et l’existence des plus pauvres.