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"Louis de Funès, est un personnage de fiction... comme Donald Duck" : L'analyse d'Alain Kruger, avant l'inauguration du musée

Jusqu’au 31 juillet, date de l’inauguration du musée De-Funès à Saint-Raphaël, Var-Matin publie une série d’entretiens avec ceux qui ont côtoyé la star. Ce lundi : Alain Kruger.

"Tout le monde savait que c’était impossible. Un homme ne le savait pas ; il l’a fait".
 
Ce proverbe, souvent cité – et sans doute inventé – par Marcel Pagnol, va comme un gant à Alain Kruger.
 
L’ancien rédacteur en chef du magazine Première, également producteur de radio, de télévision et de cinéma, a osé l’inimaginable : organiser une rétrospective Louis de Funès à la Cinémathèque française !
 
Ce projet, qui a heurté une partie de la critique, verra le jour le 1er avril 2020.
 
Avec son regard d’expert, Alain Kruger explique les raisons de ce choix, puis décrypte les liens entre cet événement et la naissance du musée de Saint-Raphaël.
 
Cela fait longtemps que vous songiez à cet hommage ?
 
Sept ans. Mais pour qu’il devienne réalisable, il a fallu que Frédéric Bonnaud arrive à la tête de la Cinémathèque. Il a tout changé dans cette vénérable institution ! L’idée, c’était de remettre Louis de Funès à sa véritable place…
 
Certaines réactions ont été cinglantes. Des critiques ont exprimé leur "malaise" et leur "inquiétude"…
 
En quoi un hommage à De Funès peut-il être "inquiétant" ? Sauf à considérer qu’il est un mauvais acteur et que tous ses films sont des navets – ce qui est objectivement faux ! [Il sourit] La réalité, c’est que l’importance, et surtout la persistance de son succès agacent ceux qui n’aiment qu’un seul genre de cinéma. Il y a une vraie condescendance à l’égard du comique. Dans La Folie des grandeurs de Gérard Oury, certains plans évoquent les toiles de Vélasquez. Mais ce film a fait des millions d’entrées, donc…
 
Les mêmes plébiscitent Jerry Lewis depuis soixante ans…
 
... Parce que Jerry Lewis est américain ! De Funès, lui, était français et populaire. Aux yeux de ses contempteurs, cela fait deux excellentes raisons de le vouer aux gémonies. En France, la critique a clairement un problème avec le succès. Si ça plaît à trop de monde, c’est louche : il y a forcément un loup. Pourtant, Jean-Luc Godard avait éclaté de rire en voyant La Grande vadrouille. Et François Truffaut avait écrit à Gérard Oury pour lui dire combien, de son point de vue, le succès de son film rendait difficile son appréciation. Bel aveu, tout de même, de la part de l’un des maîtres de la Nouvelle vague !
 
Vous pointiez la "persistance" de la popularité de De Funès. Comment l’expliquez-vous ?
 
Il est vrai que des acteurs qui ont été aussi populaires que lui, en leur temps, n’ont pas laissé la même trace. Voyez Fernandel ou Jean Gabin : les moins de vingt ans ne savent plus qui ils sont ! Alors que les films de De Funès continuent de passer en boucle à la télévision et d’être appréciés par les enfants d’aujourd’hui. [Il réfléchit] On pourrait évoquer le noir et blanc, qui "date" les meilleures comédies de Fernandel, ou le phrasé de Gabin qui n’est plus au goût du jour. Mais je crois que c’est plus subtil que cela. De Funès est totalement à part. C’est un acteur singulier qui ne rentre dans aucune boîte. C’est aussi un génie du tempo !
 
Qu’entendez-vous par là ?
 
Pour moi, il est le Thelonious Monk ou le Lionel Hampton du cinéma : il a un phrasé musical unique. Et il joue beaucoup plus vite que tous les autres. Une rapidité d’exécution pareille, on ne la retrouve que dans les cartoons ! C’est cela qui le rend intemporel. De Funès est quasiment un personnage de fiction… comme Donald Duck.
 
Neuf mois après l’inauguration du musée de St-Raphaël, cette rétrospective est une simple coïncidence ?
 
Oui et non. Oui, parce que les deux projets sont totalement indépendants l’un de l’autre. Non, parce que cette concomitance traduit une évolution du regard porté sur l’acteur. Il entre à la fois au musée et à la Cinémathèque : c’est formidable ! Ceux qui vont redécouvrir l’œuvre à Paris auront envie de mieux connaître l’homme à Saint-Raphaël – et vice-versa.
 
Vous pensez que les films doivent être redécouverts ?
 
Tout le monde a vu les Gendarme, Les Aventures de Rabbi Jacob ou L’Aile ou la cuisse. Mais la filmographie de Louis recèle des pépites moins connues, comme Carambolages, qui seront programmées. Et il y aura un espace d’exposition de 600 m2 avec des trésors, comme la 2CV originale du Corniaud, qui a été entièrement remontée !
 
Rêvez-vous, comme tant de ses fans, des films que De Funès aurait pu faire avec un réalisateur comme Polanski ?
 
Bien sûr. D’autant que Louis tournait autour de ces grands noms. Il adorait, par exemple, Le Bal des vampires ! Mais, plus encore, je regrette qu’il n’ait pas tourné Le Crocodile. J’ai lu le scénario de ce film, qu’il devait faire en 1975 avec Gérard Oury après Rabbi Jacob et auquel il a dû renoncer à cause de son infarctus. À l’époque, il était au sommet de son art : ç’aurait probablement été son chef-d’œuvre...
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