L'association de défense animale L214 diffuse ce mardi des vidéos tournées dans un élevage intensif de lapins dans les Deux-Sèvres. Dans des cages sur-occupées, 1 sur 5 meurt avant d'aller à l'abattoir.
La méthode L214 est désormais connue : diffuser des vidéos tournées clandestinement pour montrer l'envers du décor de nos assiettes.
Cette fois, c'est un élevage intensif de lapins qui a été ciblé. Il est situé à Nueil-les-Aubiers dans les Deux-Sèvres. Près de 8 000 lapins y sont élevés dans une densité extrême. Entassés dans des cages, dans un espace réduit au maximum, on voit des lapins blessés. Sur d'autres plans de la vidéo, des lapins morts gisent au milieu d'autres vivants.
Sur l'une des vidéos filmées par l'association, on voit le carnet tenu par l'éleveur. Il y consigne chacune des portées. Sur son relevé du mois de juin, on lit que sur les 507 lapines inséminées artificiellement, il obtient 435 mises bas. Il précise que 3 600 lapereaux sont gardés et 240 éliminés. 160 sont morts à la naissance.
La mortalité des lapins en élevage est de 22 %. Plus de 8 millions meurent avant d'atteindre l'âge d'être abattus.
Certains meurent à la naissance, d'autres sont tués car ils sont en "surnombre". Dans ces élevages intensifs, une lapine doit donner naissance à un nombre précis de petits. L'"excédent" est donc supprimé. Souvent il s'agit de les assommer en frappant leur tête sur le bord d'une caisse. La mortalité reste élevée jusqu'à la fin de la période d'engraissement, durant laquelle les lapereaux restent aux côtés de leur mère, soit une période de 35 jours.
Dans les élevages intensifs, la durée de vie d'un lapin n'excède pas 75 jours. Ensuite, l'abattoir les attend.
C'est une autre découverte des deux vidéos tournées respectivement en mai et en août. On y voit des médicaments divers et variés stockés dans des réfrigérateurs. Les lapins sont les animaux pour lesquels les antibiotiques sont le plus utilisés. "Ce sont des animaux vulnérables, chez qui la maladie se propage extrêmement vite. Par ailleurs, au regard du confinement dans lequel ils vivent, c'est un terrain favorable pour que les maladies se diffusent. D'où l'utilisation de ces médicaments" explique Brigitte Gothière, porte-parole de L 214.
Après s'être fait connaître pour des vidéos tournées dans des abattoirs, ces derniers temps, L 214 se concentre particulièrement sur l'élevage intensif. En juin dernier, ce sont les méthodes d'un élevage de poules pondeuses, situé dans l'Allier, qui ont été dénoncées. Peu après la diffusion (mais plus de deux mois après le tournage), une inspection menée par les services vétérinaires de la préfecture a conclu à la bonne tenue de l’élevage.
Peu avant, un élevage de poules est pointé du doigt dans le Morbihan. On y voit des animaux déplumés, d'autres allongés au sol, agonisant. La méthode choc a payé. Peu après la publication de ces images, le groupe Avril (propriétaire de cet élevage) s'est engagé à ne plus produire ni commercialiser d’œufs de poules élevées en cage d'ici 2025. Ce poids lourd de la filière pèse 3,5 milliards d’œufs, c'est près d'un quart de la production en France.
Les images dures, parfois insoutenables, sont la marque de fabrique de L 214. Comme celles publiées au printemps des "vaches à hublot", dont l'estomac est percé pour permettre aux opérateurs d'étudier leur digestion. Ce dispositif a été filmé dans un centre de recherches détenu par une marque d'alimentation animale, qui teste de nouveaux produits.
Ces images sont restées sans effet. L'expérimentation dépasse le seul cadre de l'industrie agro-alimentaire. L'Institut national de recherche agronomique (Inra) utilise cette technique sur une trentaine de vaches en France, dans un cadre tout à fait légal.
Attention, les images peuvent heurter.