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Yann Moix à «On n’est pas couché» : «J’ai un dégoût de moi-même»

 
En pleine polémique, l’ancien chroniqueur de Laurent Ruquier est venu faire son mea culpa sur le plateau du talk-show de France 2 diffusé ce samedi à 23h10. Le Parisien a assisté au tournage.
 
Ruquier s'est-il Druckerisé ? En tout cas, il n'y a pas que le décor d'« On n'est pas couché » qui a changé pendant l'été. À tel point qu'on a eu l'impression d'assister, vendredi soir, à l'enregistrement d'un « Vivement dimanche », pendant une bonne partie de l'émission diffusée ce samedi soir sur France 2 à 23h10.
 
« Je ne suis pas fan des films d'animation, mais celui-là alors ! » s'enthousiasme Laurent Ruquier pour présenter « Les hirondelles de Kaboul », défendu par Zabou Breitman. « Tout ce qu'elle fait, c'est réussi, on peut y aller », surenchérit la philosophe Adèle Van Reeth, l'une des deux polémistes du jour, rebaptisées cette saison « les témoins ».
 
Le deuxième, c'est Franz-Olivier Giesbert, appelé à la rescousse après le forfait de Frédéric Beigbeder, faute de rémunération pour le job. « C'est un enchantement à chaque fois », commente FOG à propos de « La vie scolaire »…bien qu'il n'ait pas eu le temps de voir ce film coréalisé par Grand Corps malade, présent en plateau.
 
Et puis, Yann Moix, veste noire, chemise bleue et sourcils froncés, débarque sur l'ancien ring, transformé en confessionnal. Laurent Ruquier, précise que l'ex-chroniqueur d'ONPC de 2015 à 2018 n'est pas reçu en tant qu'« un ami » et qu'il l'a invité en juin, bien avant les polémiques parce que son livre « Orléans », sur l'enfant battu qu'il décrit, est « extraordinaire ». « Ce n'est pas un tribunal, prévient l'animateur de 56 ans. […] Et qu'on n'accuse pas la télé de lui faire un procès alors que la presse écrite le fait depuis une semaine. »
 
Yann Moix commence, profil bas : « Mon cher Laurent, je me détesterai si je parlais de mon livre. La première chose, je demande pardon pour les dessins abjects, choquants que j'ai commis à 20 ans (NDLR : une série de caricatures et textes antisémites dans la revue artisanale « Ushoahiah, le magazine de l'extrême »). Le jeune homme que j'étais, je lui cracherais dessus aujourd'hui. » Et il enchaîne, la voix chevrotante : « Je demande pardon à Bernard Henry-Lévy, (NDLR : insulté dans ce même fanzine et aujourd'hui proche de Moix) et à tous ceux que j'ai blessés du plus profond de mon être. Pardon pour ces bandes dessinées. »
 
Laurent Ruquier le relance sur ces relations plus récentes avec des personnages sulfureux comme Paul-Eric Blanrue, ex-frontiste proche du négationniste Robert Faurisson. « Blanrue ? Vous l'avez reçu en 2008 Laurent, même le Canard Enchaîné le présentait comme un royaliste en 2010 », se défend-il.
 
« Je l'ignorais », s'étonne Ruquier. Moix déroule : « Quant à Marc-Edouard Nabe, (NDLR : écrivain accusé d'antisémitisme qu'il a fréquenté à une époque) Bern, Ardisson, ou même Pivot l'ont invité. Moi, je lui ai envoyé un SMS en 2007 pour lui dire Va te faire enc… après ses attaques contre l'Etat d'Israël. Je n'ai rien à cacher. Je veux en finir avec ce chantage. » Pendant des années, Yann Moix assure avoir vécu avec la peur que son passé resurgisse : « J'en ai crevé de trouille. »
 
S'ensuit sur le plateau une séance d'autoflagellation, quand il revient sur ses 20 ans. « Je n'avais pas les épaules assez larges pour me suicider physiquement alors je me suis suicidé moralement. J'ai un dégoût de moi-même, ce raté, cet être méprisé et méprisable. Je me vomissais. » Ou encore « Je suis un lâche », « J'ai été une ordure ». Et il ajoute : « Mais j'ai essayé de m'arracher de ce trou noir, de ce cauchemar grâce à des gens lumineux comme BHL qui m'ont permis de me construire intellectuellement. J'ai essayé de me racheter toute ma vie, de combattre la xénophobie. »
 
« Qu'est-ce qui peut pousser un gamin de 20 ans à publier des dessins de croix gammées avec des caricatures de BHL ? », insiste Giesbert. Réponse : « Je m'en prenais aussi aux myopathes, aux Éthiopiens, à Godard. » Mais Moix attend les uppercuts, les vrais, comme « (il) en (a) distribué à Jean-François Copé au moment où il était à terre » : « J'accepte tous les procès, même à la télé. J'ai été moi-même un procureur, ici. Je savais que j'allais prendre des coups mais je me sens débarrassé d'un poids. Le plus grave, c'est le mal que j'ai fait à des gens qui doivent avoir honte aujourd'hui. »
 
Aurait-il évoqué cette partie de son passé sans les révélations dans la presse et les différentes polémiques ? « J'ai failli vous en parler Laurent (NDLR : quand il était chroniqueur de l'émission), mais je n'y arrivais pas, lâche-t-il. C'était devenu un supplice. J'achetais les journaux pour savoir si ça allait tomber. » Et la chute arriva. « Quel intérêt de sortir ces BD, à part m'abattre ? À part débrancher quelqu'un qui se bat contre l'antisémitisme ? Mon combat, c'est la légitimité d'Israël. […] Ces révélations sont téléguidées par l'extrême droite et tout le monde suit. »
 
Face à ces longues explications, on s'attend à une confrontation musclée avec Gilles Rosier, qui a été directeur de la maison de la culture Yiddish pendant vingt ans. Mais non. Celui-ci « ne sait pas quoi en penser ». Pas un mot non plus de Zabou Breitman. Celle qui a joué dans « 24 jours» la mère d'Ilan Halimi, ce jeune vendeur dans un magasin de téléphonie tué après avoir été torturé par le gang des barbares parce que juif, n'a pas été invitée à prendre la parole. Quant à l'écrivain Lionel Duroy, il prendrait bien « Yann Moix dans (ses) bras » après avoir « entendu ses arguments ». Ruquier s'en est également pris au journaliste qui a recueilli les accusations du père de Yann Moix dans « La République du Centre », en les ayant pris « pour argent comptant » et « sans émettre le moindre doute ».
 
Car pendant près d'une heure, il est également question du « martyr » que lui a fait subir son père qui l'a « abandonné sur l'autoroute », du premier mot de sa mère quand il avait trois ans : « Enc… », de son frère Alexandre, volontairement absent de son roman « pour lui éviter les coups », qui a raconté dans Le Parisien dimanche que Yann était un « bourreau » pour lui et lui faisait en fait subir les violences qu'il décrivait dans son dernier livre. « J'ai décidé que je ne parlerai plus à mes parents, mais à mon frère, oui. Nous nous battions, mais je ne l'ai jamais battu. Il a été manipulé par des gens qui mériteraient d'être en prison. C'est une victime, lui aussi. » Et Moix de conclure, après avoir évoqué son « rêve de paternité » même s'il s'en sent « incapable » : « Je suis désolé pour tout ce que j'ai fait. »
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