L'école élémentaire Vaugirard n'a pas ouvert le jour de la rentrée. Situé dans le chic VIe arrondissement, l'établissement a fermé faute d'élèves en nombre suffisant tandis que deux nouvelles écoles ont ouvert près du périphérique dans le XVIIe et le XVIIIe. C'est l'une des conséquences de l'emballement des prix de l'immobilier. Selon l'Insee, la capitale a perdu en moyenne 12 000 habitants par an entre 2011 et 2016. Souvent des familles en quête de mètres carrés supplémentaires à des tarifs abordables et qui ont déménagé en banlieue ou quitté l'Ile-de-France.
« Le nombre d'élèves inscrits dans le public a baissé de 1 400 cette année », confirme Patrick Bloche, l'adjoint à la maire de Paris en charge du scolaire. La baisse a surtout concerné le centre de Paris. « Pour y vivre en famille, il faut faire des sacrifices », explique Nathalie, mère de deux enfants de 6 et 10 ans.
Malgré deux bons salaires, elle ne peut louer qu'un trois-pièces dans le recherché quartier Odéon. « Les enfants dorment dans la même chambre et la troisième pièce sert à la fois de salon, de bureau, de salle de jeu,… » souligne-t-elle. Mais elle n'est pas sûre de rester à Paris quand ses enfants grandiront.
« La fermeture de l'école Vaugirard n'a rien à voir avec les prix de l'immobilier. Mais c'est vrai que les familles ont tendance à quitter l'arrondissement, à l'arrivée d'un enfant », reconnaît Jean-Pierre Lecoq, maire (LR) du VIe arrondissement. « Pour freiner la hausse des prix, il faut construire. Mais où ? Dans le jardin du Luxembourg ? Je ne suis pas sûr que le Sénat apprécierait », ironise l'élu.
« En matière d'aide au logement, on a poussé les curseurs au maximum », enchaîne Ian Brossat, l'adjoint (PCF) d'Anne Hidalgo, en rappelant que deux tiers des Parisiens sont locataires et que les 550 000 occupants du parc social sont à l'abri de la spéculation immobilière.
« Mais, à l'instar de Londres, Paris souffre d'un décalage entre la demande et l'offre. Et le foncier disponible pour construire est rare. » Il propose d'exploiter les 120 000 logements classés en résidence secondaire (30 000 de plus qu'en 2011). « Il faudrait davantage les taxer pour inciter leurs propriétaires à les remettre sur le marché. Pour cela, il faudrait une intervention de l'Etat », souligne Ian Brossat.
En attendant, la loi du marché pourrait continuer à vider la capitale de ses habitants et à augmenter le nombre de déplacements banlieue-Paris. Bon nombre de salariés qui « font tourner » Paris n'ont plus les moyens d'y vivre. Un tiers des 50 000 agents municipaux habitent en grande couronne, voire hors de l'Ile-de-France.