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63% des français ont déjà renoncé ou reporté des soins, mais pour quelles raisons ? Voici la réponse

La radiographie ne surprendra personne mais elle confirme qu'en médecine de ville, la situation est aussi tendue qu'à l'hôpital. Parce qu'elle ne cesse d'entendre ses adhérents dire que les déserts médicaux se creusent, et que la question des dépassements d'honoraires n'est pas réglée, France Assos santé, qui regroupe 85 associations de malades et porte la voix des patients auprès des pouvoirs publics, a lancé une étude sur l'accès aux soins. L'idée était de mettre au jour des facteurs géographiques ou socio-économiques pouvant expliquer d'éventuelles difficultés à se faire soigner.
 
Le principal enseignement de ce sondage BVA tient en un chiffre choc : plus de six Français sur dix (63%) ont déjà dû renoncer à se faire soigner, à cause notamment de délais d'attente trop longs ou d'un reste à charge trop important. Dans le détail, 49% l'ont fait à cause d'un manque de praticiens et 45% en raison de difficultés financières. "Ces résultats ne nous étonnent pas car ils correspondent à ce qui nous remonte du terrain, analyse Féreuze Aziza, chargée de mission Assurance maladie à France Assos Santé. Mais ils nous inquiètent."
 
D'autant que le renoncement aux soins touche plus fortement des catégories fragiles : jeunes, habitants des zones rurales, personnes en situation de handicap ou modestes. Parmi cette dernière catégorie, un fait alarmant : un quart des bénéficiaires de la CMU-C ou de l'aide à la complémentaire santé (ACS) se sont déjà vu refuser un rendez-vous à cause de leur statut.
 
La partie de l'enquête consacrée aux délais d'attente nécessaires pour obtenir, en cas d'apparition de symptômes ou d'aggravation d'une maladie, un rendez-vous chez quatre familles de médecins spécialistes (ophtalmos, dermatos, gynécos et ORL) suggère que la désertification médicale demeure préoccupante. Il faut, par exemple, trois mois et deux jours en moyenne pour consulter un spécialiste de la vision et deux mois et trois jours pour un dermatologue.
 
Autre question cruciale, que Marisol Touraine, l'ex-ministre de la Santé, avait souhaité prendre à bras-le-corps sous le précédent quinquennat : les dépassements d'honoraires. 67% des Français y sont confrontés au moins de temps en temps, dont 30%, souvent. "Dans les communications officielles, on nous dit que le taux moyen de dépassement diminue, relève Féreuze Aziza. La conclusion qu'on peut tirer de l'étude, c'est que, dans la vraie vie, il devient de plus en plus compliqué de trouver un spécialiste qui n'en pratique pas. Les médecins s'installent majoritairement en secteur 2."
 
Concernant le reste à charge, c'est-à-dire la partie des dépenses payées par le malade (dépassements d'honoraires non remboursés par les mutuelles inclus), un phénomène similaire semble à l'œuvre. Dans une publication de septembre, la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees) du ministère de la Santé l'estime à 7% de la consommation des soins (ou encore à 214 euros par habitant) et indique qu'il est en diminution depuis dix ans.
 
D'après le sondage BVA, les Français ont une tout autre impression puisque 58% d'entre eux estiment qu'il a augmenté. "La Drees donne des moyennes, donc ça peut fausser le tableau car certains, comme les jeunes, se font peu soigner, observe Féreuze Aziza. Et puis certains achats non remboursés pèsent sur le budget des malades : sérum physiologique, solutions hydroalcooliques ou protections en cas d'incontinence."
 
Toutes ces difficultés peuvent avoir des conséquences désastreuses. Dans plus de deux tiers des cas, le renoncement aux soins a un impact sur la santé physique (augmentation des symptômes) ou psychique (anxiété). Les hôpitaux sont les autres victimes de la pénurie de main-d'œuvre et des difficultés d'organisation que connaît la médecine de ville. Le manque de praticiens a déjà conduit près d'un Français sur cinq à se rendre aux urgences durant les deux dernières années. Et l'étude de tordre le cou à une idée reçue : si les patients se pressent dans ces services, c'est qu'ils n'ont souvent pas d'autre choix.
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