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Entretiens pervers au ministère de la Culture : "Il a attendu que j’urine et a tout écouté", raconte une victime

Entretiens pervers au ministère de la Culture : "Il a attendu que j’urine et a tout écouté", raconte une victime
Des femmes accusent un ancien haut fonctionnaire du ministère de la Culture de les avoir humiliées en les poussant à uriner devant lui et en les photographiant. L'une d'elles en aurait été victime en 2011 mais a longuement attendu avant d'en parler, muselée par la honte.
 
Des "douleurs" et une "furieuse envie d’uriner". Après l’éclatement de l’affaire d’intoxications aux diurétiques au ministère de la Culture, à laquelle Libération a consacré une longue enquête, une femme s’en disant victime a témoigné sur le plateau de BFMTV ce vendredi soir. Elle s’appelle Alyzée, et avait 22 ans lorsqu'elle a croisé le chemin de cet homme en 2011, alors qu’elle était en contrat d’alternance depuis neuf mois.
 
"Je ne travaillais pas directement avec lui mais il m’a sollicitée pour un entretien de fin de stage. Il m’a proposé un café, que j’ai accepté. Nous avons discuté pendant une heure. Au début, il était plus préoccupé par son téléphone que par ce que je lui disais. Puis, à un moment, j’ai ressenti des douleurs et une furieuse envie d’uriner. J’en avais des sueurs froides. J’ai fini par dire qu’il fallait que j’aille aux toilettes. Il m’a accompagnée, il est entré avec moi dans les toilettes et a attendu que j’urine. Il a tout écouté. J’en suis ressortie soulagée mais très gênée par ce qui venait de se passer", a expliqué Alyzée.
 
Selon le quotidien, cet ancien sous-directeur des politiques de ressources humaines versait d'abord un diurétique dans une boisson chaude, qu'il proposait généralement à des candidates à des postes au ministère. Il isolait ses victimes pour les pousser à uriner devant lui et en tenait registre dans un fichier Excel intitulé "Expériences", avec force détails et photographies. En revenant des toilettes, Alyzée a repris l’entretien.
 
"De nouveau, il s’est mis sur son téléphone. En sortant, j’ai débriefé avec mes collègues en omettant l’épisode des toilettes car j’avais beaucoup trop honte. Je leur ai dit qu’il était constamment sur son portable, ils n’ont pas semblé étonnés. Ils m’ont dit que c’était normal et qu’il prenait des photos des jambes des femmes, que tout le monde l’appelait 'le photographe'. On m’a dit de me méfier et que c’était un pervers", a détaillé la jeune femme qui a porté plainte.
 
En tout, 200 femmes auraient été victimes de cet homme entre 2009 et 2018, photographiées et intoxiquées aux diurétiques à leur insu. Il aura fallu neuf années avant que cet ancien sous-directeur des politiques de ressources humaines ne soit stoppé. Le 15 juin 2018, à la Direction régionale des affaires culturelles de la région Grand Est, il est pris sur le vif en train de photographier "discrètement" les jambes d'une sous-préfète de Moselle. Il est suspendu en octobre puis révoqué en janvier 2019.
 
"J'aurais voulu qu'on m'arrête avant", a-t-il déclaré au quotidien, reconnaissant pour sa part avoir intoxiqué "dix ou vingt" femmes. Cette affaire, révélée en mai dernier par Le Canard enchaîné, est "complètement folle", a réagi ce vendredi le ministre de la Culture, Franck Riester sur Europe 1, pointant les agissements d’un "pervers".
 
Placé sous contrôle judiciaire, l’homme a été mis en examen pour "administration de substance nuisible", "agression sexuelle par personne abusant de l'autorité conférée par sa fonction", "atteinte à l'intimité de la vie privée par fixation d'image", "violence par une personne chargée de mission de service public" et "infraction à la législation sur les médicaments", selon une source judiciaire à l’AFP. Une information judiciaire a été ouverte le 24 octobre 2019 par le parquet de Paris. Il a depuis été radié de la fonction publique.
 
"Dès que le ministère a eu connaissance de signalements de ses agents, il a engagé des actions auprès du procureur de la République. C'est à ce titre qu'une procédure judiciaire est en cours", a précisé le ministère de la Culture.
 
Mais pour Alyzée, le doute subsiste. Selon elle, les supérieurs du suspect étaient au courant et sont restés muets. "Je suis persuadée que la hiérarchie savait. Ça remontait de tous les côtés. Dans une telle situation on en parle à la médecine du travail, aux RH… Mais là, le problème c’est qu’il détenait la fonction de RH. Mais je ne peux pas croire que sa hiérarchie n’était pas au courant", a-t-elle avancé, sceptique.
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