Une séance de brainstorming au sommet : il y a une quinzaine de jours, Brigitte Macron a convié l'iconique sélectionneur des Bleus, Didier Deschamps, à l'Elysée. Objectif : préparer le lancement ce 8 janvier de l'opération Pièces jaunes de collecte de dons, qu'elle pilote désormais à la tête de la Fondation Hôpitaux de Paris-Hôpitaux de France. C'est elle qui, lorsqu'elle a succédé à Bernadette Chirac en juin, a appelé le double champion du monde — « Un homme de cœur et de terrain », vante-t-elle — pour lui proposer de rempiler une deuxième année comme parrain de l'événement. Il a aussitôt accepté.
Pour cette 31e édition — sa première — qui va la placer en pleine lumière, la première dame s'est préparée comme pour chaque déplacement officiel : jusque dans les moindres détails. « Elle a beaucoup travaillé, consulté, des personnels soignants, des médecins, des urgentistes », explique son cabinet. Elle a échangé aussi avec la ministre de la Santé Agnès Buzyn, qui a passé trente ans en milieu hospitalier, à Necker notamment.
La semaine qui a précédé Noël, Brigitte Macron s'est rendue au siège de la fondation rue Scipion (Paris Ve) pour présider un conseil d'administration, qui l'avait élue à l'unanimité le 12 juin. Elle s'y déplace une fois par semaine depuis qu'elle en a pris les commandes.
En octobre, elle avait aussi déjeuné avec deux membres de l'instance de pilotage de la fondation, le trésorier Michel Clavier et… Jean-François Cirelli, actuellement au cœur d'une polémique après sa promotion au rang d'officier de la Légion d'honneur sur proposition d'Édouard Philippe. A l'Elysée, on précise que cet ancien collaborateur de Jacques Chirac siège depuis de nombreuses années en tant que membre qualifié du CA, mais qu'il n'est pas membre du bureau exécutif.
Si elle n'a pas revu Bernadette Chirac, pour raisons de santé, depuis la disparition de son époux, elle prend régulièrement de ses nouvelles. Pas facile de succéder à la veuve de l'ancien président, qui a dirigé la fondation durant un quart de siècle, au point d'en être devenue le visage emblématique pour les Français. C'est Claude Chirac qui avait fait part à Brigitte Macron du souhait de sa mère qu'elle reprenne le flambeau. La première dame lui avait d'abord répondu : « Et vous, vous ne voulez pas ? » La fille de l'ancien président avait poliment décliné. Depuis la « passation de pouvoirs » de juin, le clan Chirac s'est effacé pour la laisser imprimer sa propre marque.
Une révolution de velours : exit le célèbre TGV des Pièces jaunes, dont l'ex-judoka David Douillet était un pilier, et moins d'événements festifs, contexte de grèves oblige. « On a rectifié des choses », indique son entourage. De même, Brigitte Macron ne devrait pas sacrifier au rituel du JT de 20 heures de TF1, auquel se prêtait son illustre prédécesseure en grande habituée des médias. Mais elle accordera une interview à TV Magazine et une participation à l'émission Quotidien de Yann Barthès serait à l'étude. Hantée par la peur du ratage ou du mot de trop, la « first lady » préfère toutefois qu'on la voit sur le terrain.
Pour cette campagne d'appel aux dons, elle se lancera dans un petit tour de France qui débutera mercredi au centre hospitalier d'Orléans, dont elle visitera la maison des familles. Jugé exemplaire en matière de rapprochement entre parents et enfants malades, l'établissement a bénéficié d'une subvention de 320 000 euros de la fondation. Le 15 janvier, elle ira à l'hôpital Robert-Debré à Paris et accompagnera 300 enfants hospitalisés à Disneyland le 29 janvier. Avant d'achever sa tournée le 12 février à l'Institut national des jeunes sourds de Metz.
La pression n'est pas mince : chaque mois de janvier, la fondation joue gros avec cette opération d'appel à la générosité, qui permet de récolter chaque année près de 2 millions d'euros (www.fondationhopitaux.fr). L'an passé, 175 t de pièces jaunes — et rouges — avaient été recueillies grâce aux fameuses tirelires jaunes qui servent à financer des projets dans les hôpitaux pour améliorer l'accueil des petits malades. Si elle a discuté avec Emmanuel Macron de ses idées, on ne le verra pas, sauf surprise, à ses côtés durant ces six semaines.
C’était le 14 juin et personne, ou presque, ne l’a su. La première dame, qui venait visiter une école de la deuxième chance pour jeunes décrocheurs à Marseille (Bouches-du-Rhône), escortée par le maire LR sortant Jean-Claude Gaudin et la candidate LR à sa succession Martine Vassal est informée qu’un groupe de femmes Gilets jaunes souhaite la rencontrer. « Elle a parlé avec elles pendant une heure, dans une salle, révèle un proche de Brigitte Macron. A chaque fois que quelqu’un veut lui parler, s’il y a du dialogue possible, elle va vers les gens. »
L’épouse d’Emmanuel Macron, qui dispose de ses propres officiers de sécurité issus du Groupe de sécurité de la présidence de la République (GSPR), n’en est pas à sa première rencontre rugueuse, face ou hors caméras. On se souvient qu’elle avait été sifflée en mars par des supporters en chasubles jaunes lors d’un match caritatif du Variétés club de France à Reims. On sait moins qu’elle a été régulièrement interpellée ces derniers mois par des soignants sur la crise de l’hôpital et des urgences lors de ses visites, fréquentes, dans des centres hospitaliers.
Brigitte Macron le sait, le lancement de l’opération Pièces jaunes, où elle se déplacera dans plusieurs villes d’ici la mi-février, tombe cette année en pleine grogne contre la réforme des retraites. « Si des gens veulent parler avec elle, elle leur répondra, comme elle le fait toujours. C’est dans son caractère, ce n’est pas quelqu’un qui a peur. Elle ne va pas fuir le dialogue », assure son entourage, à l’aube de ce petit tour de France.