Un homme a été mis en examen en toute discrétion il y a un an dans le cadre de l'enquête sur le crash d'hélicoptères pendant le tournage de l'émission "Dropped". L'accident a coûté la vie à 10 personnes, dont les sportifs Alexis Vastine, Camille Muffat et Florence Arthaud.
C'est une avancée considérable dans la procédure, qui s'est faite en toute discrétion. Selon BFMTV, un homme a été mis en examen il y a un an, le 26 février 2019, dans le cadre de l'enquête sur le crash des deux hélicoptères lors du tournage de l'émission Dropped. L'accident, qui s'est produit en mars 2015 à Villa Castelli, en Argentine, a coûté la vie à 10 personnes dont trois sportifs : Alexis Vastine, Camille Muffat et Florence Arthaud.
Cinq ans après le drame, les juges d'instruction ont mis en examen Peter Hoberg, un Suédois de 50 ans, ancien militaire des forces spéciales, pour "homicide involontaire". Une décision qui ouvre potentiellement la voie à un procès. L'homme était chargé de la sécurité lors du tournage du programme que devait diffuser TF1, une mission que lui avait sous-traité la boîte de production Adventure Line Productions. La justice le soupçonne de ne pas avoir vérifié les compétences, les qualifications ou encore l'état de santé des pilotes.
"Je pense que dans cet accident, on essaye de trouver un coupable. Donc, c'est simple de pointer le doigt sur moi. Je pense que cela se fait sur de fausses bases", estime Peter Hoberg lors de son audition par les juges, que BFMTV a pu consulter.
Interrogé par les juges sur son éventuelle responsabilité, le Suédois nie en bloc. Concernant sa responsabilité dans la sécurité aérienne des séquences tournées en vol ? "On ne peut pas donner la responsabilité aéronautique à une personne qui, premièrement, n'a pas une formation de pilote, et deuxièmement, ne connaît pas les règlements en vigueur", répond Peter Hoberg. Concernant sa responsabilité dans le recrutement des pilotes, qui étaient retraités et qui n'avaient pas le droit de voler en formation comme le jour du crash ? "Je ne trouve pas que c'était mon rôle de contrôler ou de mettre en question des compétences des pilotes", rétorque-t-il encore. Idem concernant la sécurité du vol, charge qu'il attribue uniquement aux pilotes.
Les arguments avancés par le responsable de la sécurité mettent en colère les familles des victimes. C'est notamment le cas de Bénédicte Méi, qui a perdu sa fille Luci, qui faisait partie de l'équipe technique du programme, dans cet accident. "C'est comme si on ne demandait pas à un chauffeur de taxi son permis, il leur demande juste 'vous vous sentez de faire ça ?', et ils répondent 'oh oui il n'y a pas de problème', dénonce-t-elle. Tout a été organisé au dernier moment, ce n'est pas sérieux, ce sont des amateurs, des amateurs criminels."
Si cette mise en examen dans ce dossier constitue une avancée majeure pour cette mère de victime, elle souhaiterait que le producteur du jeu au sein de la boîte de production ALP soit lui aussi mis en cause par la justice. "Pour moi, c'est leur faute, martèle Bénédicte Méi. Ils n'ont pas pris la mesure de ce qu'ils faisaient. On ne veut pas les lâcher." A ce stade de la procédure, la société de production a été placée sous le statut de témoin assisté en tant que personne morale. Un statut appliqué lorsqu'il y a des charges moins lourdes que celles qui entraînent une mise en examen.
La boîte de production a été condamnée à deux reprises pour "faute inexcusable" par le tribunal des affaires de Sécurité sociale des Hauts-de-Seine et de Lyon à verser des dommages et intérêts aux familles de deux victimes. Si à l'issue de l'instruction judiciaire, aucune autre personne n'est mise en examen, seul Peter Hoberg, le responsable de la sécurité, pourra être renvoyé devant un tribunal.