Le port altier dans sa robe noire et blanche, l'écharpe tricolore autour du cou, Bella prend la pose sous les flashs. Sur son bureau, le Code pénal et… Un os à ronger car la demoiselle est en fait un dalmatien de 3 ans et la star d'une grande campagne lancée par la SPA (société protectrice des animaux) pour que la question animale soit prise en compte lors des municipales. « Lady » de son vrai nom est un « chien de cinéma », qui a déjà tourné dans des pubs pour des croquettes, des banques ou… Des clips de rap.
« Notre candidate est un personnage de fiction, un clin d'œil ! S'amuse Jacques-Charles Fombonne, « directeur de campagne » et président de la SPA. Parce que nous voulons parler de la condition animale en présentant un joli visage. » La candidate à la bonne gueule ne déposera donc pas sa liste. On ne trouvera pas non plus de bulletins à son nom dans une commune, contrairement au chien Saucisse qui s'était présenté dans le premier secteur de Marseille en 2001. Le teckel de l'écrivain Serge Scotto (qui en avait fait un personnage récurrent de ses livres) avait raflé 4 % des suffrages et s'était classé 6e du suffrage !
Il n'empêche, l'équipe du dalmatien a créé un site avec pedigree et programme, des comptes dédiés sur les réseaux sociaux sur lesquels elle égrènera ses propositions comme tout bon candidat bipède. Pas bête, une candidature canine? La cause animale rencontre en tout cas de plus en plus d'écho dans l'opinion et même sur le terrain politique. « Lors des dernières Européennes, le Parti animaliste avait créé la surprise en atteignant 2,3 % des voix (NDLR : juste derrière le PC et l'UDI)! « Les écologistes d'EELV reprennent certaines de leurs thématiques, rappelle Daniel Boy, politologue spécialiste de l'écologie politique au Cevipof. Avec cette initiative, la SPA qui existe depuis le XIXe siècle, rattrape le train en marche », décrypte-t-il.
Si la campagne est franchement décalée, particulièrement pour cette vénérable institution, elle porte des revendications sérieuses sur lesquelles les pros de la SPA ont travaillé des mois. En tête des revendications, la désignation d'un élu dédié à la protection animale dans chaque commune. Mais que pourraient faire ces adjoints au maire, chacun dans leur coin? « Beaucoup! S'exclame Jacques-Charles Fombonne. Pour lutter contre la cruauté envers les bêtes, les municipalités sont déjà nombreuses à s'être positionnées en refusant les divertissements avec des animaux sauvages (cirques, montreurs d'ours…) sur leur territoire. »
La quinzaine de mesures portées par Bella sont aussi très quotidiennes, comme favoriser l'accès des animaux de compagnie aux espaces verts, « une vraie question pour les propriétaires » glisse le président. Elles touchent également aux grands principes comme l'interdiction de la corrida. Le programme au poil est en tout cas en libre-service pour les candidats de tout bord… Ou de tout poil.