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Découvrez à quoi ressemblera le musée dédié à Louis de Funès à Saint-Raphaël

Découvrez à quoi ressemblera le musée dédié à Louis de Funès à Saint-Raphaël
 
Le musée dédié à la star sera inauguré le 31 juillet prochain. Il sera articulé en six espaces emblématiques. Visite guidée virtuelle en compagnie de la commissaire d’exposition.
 
"Six mois, c’est une folie !" La voix de Clémentine Deroudille balance entre enthousiasme et épuisement. La commissaire du futur musée De-Funès décrypte : "Pour monter une exposition de cette ampleur, en général, il faut deux ans. Pour créer un musée, c’est cinq ans. Et là, on a eu… six mois."
 
Un défi que la petite-fille du photographe Robert Doisneau est en passe de relever. Alors que les travaux vont démarrer, en face de la gare de Saint-Raphaël, elle dévoile en avant-première "l’histoire" que les visiteurs pourront découvrir. Un parcours en six étapes pour mieux apprécier l’artiste, mais aussi -et surtout- se plonger dans l’intimité d’un homme discret.
 
Sur une collection riche de 1.600 pièces, confiées pour dix ans par la famille De Funès, Clémentine Deroudille a choisi 500 objets emblématiques. Certains n’ont jamais été dévoilés au public ; d’autres vous rappelleront les éclats de rire les plus tonitruants de votre jeunesse. Vous êtes prêts ? La visite commence…
 
1. Le château : famille je vous aime
 
Il me paraissait logique de commencer par la face la plus intime de Louis de Funès, explique Clémentine Deroudille. Il faut se souvenir que l’acteur est devenu une star au tournant de la cinquantaine. Avant cela, il y a un parcours… et la vérité d’un homme."
 
Ce premier espace réunit, pour l’essentiel, les photos de famille autrefois visibles au château de Clermont.
 
"Les images des parents de Louis sont particulièrement touchantes, observe la commissaire. C’étaient des gens haut en couleur ! Le père, Carlos, a abandonné femme et enfants en maquillant un faux suicide. En fait, il s’était enfui au Venezuela… où son épouse l’a retrouvé. Leonor avait un tempérament volcanique. Louis a toujours dit que ses “colères cinématographiques” devaient tout à sa mère ! Et qu’à côté d’elle, il était un marbre."
 
Au sein de cette famille d’immigrés espagnols déclassés, entre un frère qui allait disparaître trop tôt - au début de la Seconde Guerre mondiale - et une jeune sœur ravissante, Louis se forge un caractère solitaire.
 
"Il a passé des années en pension, rappelle Clémentine Deroudille. L’humour a, très vite, été son arme contre un quotidien pas franchement drôle. Il a toujours été doué pour faire rire ses camarades."
 
Plus loin, le caractère "ordinaire" du quotidien de Louis au côté de son épouse, Jeanne, et ses enfants, Patrick et Olivier, transpire des clichés choisis. Une famille comme une autre. Sauf que la figure paternelle qui sourit d’une image à l’autre est celle du plus populaire des acteurs français.
 
2 Années cinquante : l’apprentissage
 
"De 1948 à 1955, Louis va connaître sept années de vraie galère, raconte Clémentine Deroudille. Pianiste dans les bars, il croise Eddy Barclay qui devient son ami. Puis, grâce à Daniel Gélin, il fait ses débuts au cinéma." Les Raphaëlois pourront découvrir l’activité frénétique de ce débutant qui passe du grand au petit écran, des planches aux spots de publicité.
 
"Ce qui est frappant, c’est sa ténacité, résume la commissaire d’exposition. Les documents présentés montrent comment il a gravi l’escalier du vedettariat marche après marche. C’est aussi l’occasion de mettre en lumière des films un peu oubliés, comme Taxi, Roulotte et Corrida, de vrais succès à l’époque. Puis de retracer son parcours avec les fameux Branquignols de Robert Dhéry. Au sein de cette troupe, il s’est réellement révélé comme acteur."
 
Pastilles sonores, archives audiovisuelles rares et affiches insolites accompagnent le visiteur dans cette période d’apprentissage - méconnue mais essentielle.
 
3. 1960-1963 : la petite vedette devient une immense star
 
Cette époque est marquée par un triple événement : le triomphe d’Oscar et de La Grosse valse au théâtre, puis le succès totalement inattendu de Pouic Pouic au cinéma.
 
"Bizarrement, il existe assez peu d’archives sur cette période, souligne Clémentine Deroudille. Louis avait horreur de passer à la télévision. Il assurait la promotion de son travail, mais il allait rarement au-delà. Grâce au partenariat que nous avons noué avec l’Institut national de l’audiovisuel (Ina), nous avons tout de même retrouvé un document exceptionnel sur les coulisses de La Grosse valse."
 
Au fil du parcours, le spectateur peut naturellement retrouver les séquences les plus marquantes des films. "Nous avons fait le choix, totalement assumé, de sélectionner les scènes les plus connues, insiste la petite-fille de Robert Doisneau. Pour moi, certains moments sont incontournables ; je pense que les visiteurs auraient été déçus de ne pas les retrouver au musée."
 
Dernier des "grands petits films" de Louis de Funès, Pouic Pouic annonce en 1963 l’explosion qui va se produire l’année suivante. A l’aube de la cinquantaine, l’acteur trouve son personnage. Et rencontre un réalisateur qui va jouer un rôle important dans sa carrière : un certain Jean Girault.
 
4. 1964-1974 : la folle décennie d’un génie comique populaire
 
"Pour raconter cette période, incroyablement riche et productive, nous avons choisi un espace très ouvert avec des salles plus vastes, annonce la commissaire d’exposition. On passe d’une approche thématique - le théâtre, la télévision, le cinéma… - à un déroulé film par film. Comment faire autrement ? C’est une décennie sans fausse note !"
 
L’année 1964 est celle de l’éclosion du "phénomène De Funès" : Louis tourne successivement Le Gendarme de Saint-Tropez, Fantomas et Le Corniaud.
 
"Chaque long-métrage justifierait un musée, plaisante Clémentine Deroudille. Alors nous avons fait des choix. Pour Le Corniaud, par exemple, la séquence proposée est celle tournée à Saint-Raphaël. Comme elle précède la fameuse “scène de la douche”, le visiteur pourra écouter le son via… un pommeau de douche."
 
Chaque film bénéficie, ainsi, d’une scénographie en forme de clin d’œil.
 
"Pour Le Grand restaurant, on se retrouve dans une cuisine, indique la commissaire. Dans l’espace dédié à Hibernatus, nous avons installé une glace truquée dans laquelle on se découvre congelé ! Les objets liés à Fantomas sont accrochés sur un mur en ferraille ultramoderne avec toutes sortes de gadgets. Jusqu’aux paroies qui sont extrêmement colorées, ainsi qu’on le faisait à cette époque."
 
Ca et là, les fans s’amuseront à relever les dizaines de références aux comédies cultes de "Fufu".
 
"Nous avons réservé un espace pour les scènes de danse, détaille Clémentine. Louis était un comédien qui jouait d’abord avec son corps - ce qui est assez commun chez les Américains, mais très rare en France."
 
Certaines "reliques" donneront des frissons aux admirateurs du comédien : le chapeau de Rabbi Jacob, le képi du Gendarme, le casque lourd et la perruque de La Grande vadrouille…
 
"Nous avons fait le choix de passer assez rapidement sur la série des Gendarme, confie la commissaire. Pour une raison assez évidente : à quelques kilomètres d’ici, à Saint-Tropez, il y a le musée de la gendarmerie… Nous avons recherché la complémentarité."
 
Cette traversée ludique s’achève avec la reprise de La Valse des toréadors de Jean Anouilh en 1973-1974.
 
"Au bord de l’épuisement, Louis interrompt les représentations à la 198e, explique Clémentine Deroudille. Hélas, cela ne suffit pas à lui épargner un double infarctus en mars 1975."
 
Significativement, la visite de cette "folle décennie" se termine dans une loge de théâtre reconstituée, avec plusieurs accessoires de l’acteur, dont une brosse à cheveux.
 
5. 1975 : le jardin du berger des roses
 
1975. Une année noire. Le 30 mars, victime d’un infarctus, Louis est hospitalisé d’urgence. Sauvé in extremis, il croit mourir une seconde fois lorsque les médecins lui annoncent qu’il ne pourra plus jamais tourner, ni jouer au théâtre.
 
"De retour au château après deux mois de soins intensifs, pour la première fois de sa vie, il est obligé de se mettre au repos, souffle Clémentine Deroudille. Nous avons formalisé cette période en reconstituant son jardin. C’est là, au contact de la nature, qu’il se ressource et reprend des forces. Louis était un écolo avant l’heure ; il faut l’entendre parler de ses boutures, le voir caresser ses plantes… Quelle différence avec l’atrabilaire du cinéma ! Ce que l’on découvre dans cet espace, c’est une facette essentielle de sa personnalité."
 
Dans le musée, le visiteur aussi pourra faire une pause, découvrir les roses orange qu’aimait le comédien et découvrir les outils que De Funès, loin des studios, manipulaient en expert. Notamment son arrosoir. Et, peut-être, ce fameux sécateur qui a provoqué la colère du sénateur Ginesta lors d’un conseil municipal raphaëlois.
 
6. 1976-1983 : derniers tours… et puis s’en va
 
Grâce à un jeune producteur, Christian Fechner, Louis retrouve les plateaux en 1976. "Ce n’est plus le même homme qui débarque devant les caméras de Claude Zidi pour L’Aile ou la cuisse, rappelle la commissaire d’exposition. De Funès n’est autorisé à tourner que trois heures par jour ! Une ambulance est garée en permanence devant les studios."
 
Plus question de courir, de vitupérer, de danser : contraint de "recalibrer" son jeu d’acteur, il s’adapte. Et s’investit davantage dans l’écriture.
 
"Sa famille nous a confié plusieurs scénarios annotés de sa main, s’enthousiasme Clémentine Deroudille. Ainsi que les carnets dans lesquels il couchait ses idées de gags. Ce sont des documents de travail extraordinaires !" Est-il conscient que le temps lui est compté ? Louis choisit désormais ses films pour défendre des causes qui lui tiennent à cœur (dénoncer la malbouffe dans L’Aile ou la cuisse, le productivisme dans La Zizanie…), réaliser des projets anciens (L’Avare, seul film qu’il cosigne avec Jean Girault) ou initier des longs-métrages plus ambitieux.
 
"C’est lui qui a contacté René Fallet pour obtenir les droits de La Soupe aux choux", souligne la commissaire. Encore une comédie militante, parfois poignante, mais qui déstabilisera son public en 1981. Dans cet espace dédié aux dernières années de la star, le visiteur pourra notamment admirer le César d’honneur que Jerry Lewis lui a remis en 1980. Et le scénario de son dernier film, Le Gendarme et les gendarmettes, ouvert à la page de l’unique scène tournée à Saint-Raphaël.
 
"Une façon de boucler la boucle, sourit la petite-fille de Doisneau. Qui annonce d’autres surprises égrenées sur le parcours : un juke-box avec les musiques des films, une cabine téléphonique dans laquelle Louis répond… "Nous voulons que ce musée soit à son image", conclut la commissaire. Noble ambition. Mais pour juger sur pièces, il faudra attendre jusqu’au 31 juillet.
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