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Nathanaël de Rincquesen, victime d’un AVC : «Chaque minute compte»

La date restera gravée dans sa mémoire : 1er mai 2019. « Ça sentait bon le printemps », sourit Nathanaël de Rincquesen. Ce jour-là, le journaliste de 47 ans, présentateur joker du JT de 13 heures de France 2, a brutalement été victime d'un AVC. Après quatre mois de convalescence, celui qui a présenté pendant 13 ans les journaux de « Télématin » a repris le chemin des studios, mais désormais sur la chaîne France Info (canal 27), où il anime le 21 heures-minuit. Pour la première fois, à l'occasion de la journée mondiale de l'AVC, il raconte, au nom « de la transmission ». Entretien.
 
Comment allez-vous ?
 
NATHANAËL DE RINCQUESEN : Parfaitement bien. J'ai récupéré la totalité de mes moyens, assez vite.
 
Que vous est-il arrivé ?
 
Le 1er mai, je me suis levé à 3 heures pour aller travailler à Télématin, comme chaque jour depuis treize ans. En rentrant chez moi, après une sieste, nous sommes allés jouer au golf et boire un verre en terrasse avec ma compagne et des amis. Il était 19 heures. On discutait, on riait, puis j'ai vu leurs visages se figer brusquement. Ma compagne Caroline me touche et m'arrache de la bouche un biscuit apéritif. Elle avait compris que je faisais un AVC et a aussitôt appelé les secours.
 
Que ressentiez-vous ?
 
J'avais toute la partie gauche du visage qui s'affaissait. Mais je leur disais : Tout va bien, n'appelez pas les pompiers ! Je faisais un gargouillis de mots sans même m'en rendre compte. Dans le camion des pompiers, je n'arrivais pas à serrer la main gauche, j'étais paralysé de tout ce côté.
 
Qu'ont fait les médecins ?
 
Un scanner a confirmé qu'un caillot bouchait un vaisseau côté droit. Un AVC classique, sans hémorragie. Pour le déboucher, ils ont pratiqué une thrombolyse, en injectant un produit. Petit à petit, j'ai senti mon corps revenir, ma main gauche bouger à nouveau. En trois heures, j'étais tiré d'affaire.
 
Ont-ils pu expliquer cet AVC ?
 
Ils ont pratiqué des examens pour voir si j'aurais des séquelles. Ils voulaient connaître l'organisation de ma vie personnelle, professionnelle, mon hygiène de vie. Je n'ai rien fait ce jour-là qui puisse expliquer le déclenchement de cet AVC. C'est peut-être lié à un problème d'arythmie. Sur le coup, je n'ai ressenti aucune douleur. Ce qui rétrospectivement me donne des frissons : j'aurais pu être chez moi, allongé dans le canapé, et ne me rendre compte de rien. On n'est pas tous égaux devant l'AVC, le premier remède, c'est l'autre. Celui qui va voir le visage se déformer, l'élocution se brouiller… Chaque minute compte. Je dois la vie à ma compagne et à mes amis qui ont donné l'alerte. Après cela, on ne regarde plus les autres de la même manière.
 
Combien de temps a duré votre convalescence ?
 
Après une semaine en soins intensifs à l'hôpital Delafontaine de Saint-Denis, j'ai fait un court séjour dans un centre cardiologique. Dix fois par jour, les infirmiers me testaient : Touchez-vous le bout du nez !… Puis j'ai été terrassé par la fatigue, pendant deux mois. Aujourd'hui, je prends des médicaments anticoagulants, à vie.
 
Avez-vous songé à changer de vie professionnelle pour vous prémunir d'un nouveau risque ?
 
Les médecins l'ont fait pour moi. Avec deux conseils : arrêter de me lever à 3 heures, et donc Télématin… Je pensais que compenser mes nuits courtes avec des siestes l'après-midi suffisait… Mais pour eux non. Et ils m'ont demandé de simplifier mes trajets quotidiens. J'ai discuté avec Delphine Ernotte, la présidente de France Télévisions, et la direction de l'information, qui ont été très bienveillantes. Plusieurs pistes ont été envisagées. Animer la tranche info du soir sur France Info me plaisait le plus. Désormais, je dors le matin. J'arrive au bureau vers 14h30. Je prends l'antenne à 21 heures, jusqu'à minuit. C'est un autre rythme de vie.
 
Choisir France Info ne vous expose-t-il pas davantage au stress de l'information en continu ?
 
Par tempérament, je ne suis pas stressé. Cela m'a d'ailleurs parfois été reproché ! J'ai toujours beaucoup donné à mon travail, pour qu'au moment du direct, rien ne soit laissé au hasard. Les médecins me font confiance.
 
Quelles leçons tirez-vous de cette expérience ?
 
Qu'on n'a pas cinquante chances dans la vie. Là, j'ai grillé mon joker. Donc je ne vais pas jouer au casse-cou. Si dans les mois qui viennent, je suis fatigué, je dirai à ma direction que j'ai sous-estimé mes capacités à relever le challenge.
 
Vous intéressiez-vous à l'AVC avant ?
 
C'est le genre de sujet que je n'écoutais pas dans le journal que je présentais. Je pensais que c'était réservé aux personnes âgées… Et j'ai 47 ans. L'AVC touche tout le monde, même à 20, 30 ou 40 ans. C'est la loterie. Je ne fume pas, je bois très modérément de l'alcool, je marche 50 km par semaine.
 
Etes-vous rassuré aujourd'hui ?
 
Oui. Mais la vision de ce qui aurait pu se passer si j'avais été seul me hante.
 
Avez-vous parlé de votre AVC au bureau ?
 
Non. Je craignais que cela nuise à mon image, à ma carrière. C'était très égoïste. Puis, en voyant ceux qui étaient paralysés à vie, ceux qui en sont morts, j'ai changé d'avis. S'ils avaient su reconnaître les premiers symptômes, peut-être que la fin aurait été différente…
 
Pourquoi le faire aujourd'hui ?
 
Peut-être que ceux qui connaissent mon visage seront touchés par cette histoire. Je voudrais alerter, pour que les symptômes soient mieux connus : le visage, le langage, la posture. Si vous êtes en compagnie de quelqu'un dont le visage s'affaisse, appelez les secours. Le meilleur remède contre l'AVC, c'est les autres.
 
Qu'espérez-vous de votre témoignage ?
 
Que ceux qui ne s'intéressent pas à l'AVC le fassent. Mon histoire, c'est l'AVC pour les nuls. Ceux qui m'ont sauvé la vie ne sont pas médecins. J'en parlerai autant de fois que nécessaire. Si mon expérience ne sert ne serait-ce qu'à une seule personne, tant mieux.
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